(3e partie) D.I.A. - EDITION INTERNATIONALE SOMMAIRE D'ACTUALITES CONGOLAISES ASSOCIATION DE DEFENSE DES DROITS DE L'HOMME AU CONGO/KINSHASA DROITS DE L'HOMME AU NORD-KIVU RAPPORT SUR L'ETAT DES DROITS DE L'HOMME AU NORD-KIVU APRES UNE ANNEE D'ADMINIST RATION PAR L'AFDL " UNE ANNEE D'ADMINISTRATION AFDL : PLUS CA CHANGE PLUS C'EST LA MEME CHOSE " b) " Operations Mbata " revues et corrigees : les actions anti May-May c'est surtout dans les operations contre les May-May au Masisi que la vi olence des soldats Afdl et Apr semble avoir atteint des sommets inhumains, depas sant en ampleur la barbarie des " operation Mbata " menees contre les memes popu lations par les FAZ de Mobutu en 1996. La tension entre les communautes tutsi ( militaires et population civile) et les autres etait si haute qu'il n'est pas po ssible d'identifier avec certitude les faits qui ont directement conduit aux aff rontements. Le 9 juillet par exemple, d'apres le rapport conjoint des organisat ions de Goma, le domicile d'un directeur d'ecole primaire nomme Mukama est attaq ue vers 20 heures a Rueirataka (Masisi) par des soldats tutsi qui emportent des biens. Ensuite, toujours d'apres le rapport, les memes soldats se disputent sur le partage de ler butin, ce qui conduit a l'assassinat de l'un par les autres. " Comme il n'y avait pas moyen de justifier la mort de leur frere, continue le rapport, ils tirerent sur la population du village et tuerent par balles 16 pers onnes " sont Basenda Biruru, sa femme et neuf autres personnes de sa famille, Ka tuku, Mme Nyankobwa (60 ans), et Motoroshi (60 ans). D'apres le rapport, un " g roupe d'autodefense de la population " constitue par les membres des " autres tr ibus " aurait immediatement reagi en tuant au moins 17 soldats et plusieurs civ ils tutsi dans la localite de Ngungu. En guise de represailles, l'armee aurait organise des expeditions punitives dans les localites de Ngungu, Ufumandu, Katov u, Musongati, Kabingo, Rubaya, Kanyenzuki et Katahandwa, en brulant les habitati ons et massacrant plusieurs dizaines de personnes dont des vieilles personnes, c omme Fatuma Kimaranza, 70 ans, tuee a Ngungu et huit vieillards tues a Rubaya, a insi que des enfants, comme une fillette nommee Ngabo Y'Imanzi, brulee pendant l 'incendie de Musongati. Le 31 aout, en pleine journee (vers midi, signale un temoin), un command o de soldats tutsi aurait attaque le village de Buzirambavu en massacrant toute la population. Mme Mawazo, qui avait decide de fuir avec son bebe de six mois, a ete pourchasse par les assaillants qui ont tire par derriere en atteignant mor tellement le bebe. Mme Mawazo a neanmoins reussi a semer les soldats dans le br ousse en abandonnant le corps de son bebe. Apres la nuit du 31 aout au 1 er sep tembre passe en brousse, Mme Mawazo a pu atteindre Goma ou elle soignait ses ble ssures a l'hopital general. Son mari, prenomme Boniface, qui n'etait pas au vill age lors de l'attaque, est revenu deux jours plus tard. D'apres son temoignage, il semble bien que lui-meme et son epouse etaient les seuls rescapes du massac re. Des operations d'une plus grande ampleur ont ete signalees a partir du 2 9 juillet lorsque sur toute l'axe Ngungu-Nyabiondo en passant par Masisi-centre, des villageois ont ete massacre, leurs maisons incendiees, leurs recoltes detru ites. Pour toutes les localites attaquees, les methodes etaient les memes : vil lage encercle aux petites heures du matin, maisons incendiees et villageois arro ses de balles dans leur tentative de fuite. Une organisation locale decrit ains i la methode utilisee : " Lors des operations, ils (les militaires) se repartis sent en trois groupes : le premier pour tuer les gens, le deuxieme pour bruler l es Bitara (sortes de greniers ou les paysans stockent leurs recoltes), et enfin le troisieme pour piller et voler les biens de la population abandonnes dans les Bitara ". Partis de Katale, les militaires attaquent Masisi-centre tot le matin du 29 juillet a partir des hauteurs de Kahongole, Kibuye, Matyatso et Tete. Les a rmes varient de pieces de mortier aux lance-roquette. Plusieurs personnes ont r eussi a fuir, d'autres, restees dan leurs maisons y ont ete brulees, quelques co mbattants May-May ont vainement tente d'opposer une resistance avant d'etre tous massacres. Vers 15 h00, les militaires faisaient leur entree dans la cite dont ils brulerent toutes les maisons, y compris des ecoles et la paroisse catholiqu e. A l'hopital ils ont tue tous les malades qui n'avaient pas pu fuir; ils ont aussi mis le feu sur le village des lepreux et tue ces derniers. Le meme jour v ers 4 h00 du matin les villages de Kanii et de Buabo etaient aussi attaques a la roquette. Ceux qui n'ont pas peri incendies dans leurs maisons etaient tues pa r des soldats embusques dans les bananeraies entourant les villages. La meme ho rreur etait signalee aux villages de Kishonja, Bushishu, mafuo (incendiees le 29 juillet), Kyafulo, Kahocho (le 30 juillet), Kibirangiro (le 1er aout), Kaanja, Nyabiondo, Kautu, Bukombo, Loashi (les 6 et 7 aout). A Nyabiondo tous les edifi ces publics, dont l'ecole primaire Kishonja, le bureau de la collectivite et l'e glise pentecotiste ont ete brules avec les maisons d'habitation. L'hopital de l a cite n'y a pas echappe : sa maternite, son dispensaire et un bloc d'hospitalis ation ont ete completement detruits par les militaires qui ont massacre les mala des. Apres le " nettoyage ", les corps des victimes etaient entasses dans les f osses communes ou jetes dans la riviere Loashi. D'apres des volontaires qui ram assaient les corps, les militaires auraient laisse derriere eux des tracts signa lant leur retour imminent a Nyabiondo pour parachever les massacres. Le 25 aout , Masisi-centre est attaque c nouveau, son hopital general est saccage, les mala des massacres et jetes dans les fosses septiques. Debut septembre, les massacres se deplacent vers le territoire de Nyirag ongo, avec d'abord des temoignages parlant de rampes de mortiers installees sur les hauteurs de Mugara et Mujoga, ensuite le massacre le 1er septembre d'au moin s neuf paysans a Bujongo, ce qui provoque la fuite en brousse des villageois des localites Vubiro, Kanyaruchinya et Bujongo. Le bilan de toutes ces operations provisoirement etabli par des organisa tions locales est particulierement lourd. Une organisation des droits de l'homm e locale, qui reconnait " qu'il est difficile de determiner le nombre des victim es " avance neanmoins les chiffres " provisoires " de 35 morts a Luanguba, 5 a K anii et 22 a Buabo. Fin aout, on estimait a plus de 2000 le nombre des morts re censes depuis juillet et plus de 50 le nombre de villages incendies. Les deplac es etaient eparpilles dans les villages du territoire de Walikale ou frontaliers a ce territoire, notamment a Kashebere et a Lobe. Les conditions etaient decri tes comme particulierement difficiles, la plupart n'ayant trouve aucune famille pour les abriter. A Goma, les deplaces estimes a des dizaines de milliers etaie nt surtout heberges par des familles ou pris en charge par la Caritas catholique . c) Implication directe de l'Armee Patriotique du Rwanda. La participation des troupes rwandaises de l'Apr a ces massacres ne fa it l'ombre d'aucun doute. Outre les nombreux temoignages recueillis de diverses sources independantes, cette participation a ete confirmee par des sources offic ielles, dont le message n? 01/398 adresse le 11 aout au ministre de l'Interieur par le Gouverneur du Nord-Kivu. Le message, qui signalait une " concentration des Forces Armees rwandaises le long de la frontiere a partir de Monigi ", preci sait que " des armes lourdes sont pointees vers le territoire congolais " et que des militaires rwandais puissamment armes debarqueraient par centaines a bord d e bateaux pneumatiques pour Masisi en vue de renforcer l'armee congolaise operai t dans cette entite ". Le ton et le contenu du message laissent croire que les autorites congolaises, du moins les autorites locales au Nord-Kivu, n'etaient pa s mises au courant de l'intervention de l'armee rwandaise qu'elles ont subie. I l apparait des lors que les operations de cette armee contre des paysans et des villages congolais ont completement echappe au controle des autorites administra tives et militaires congolaises. La reaction du ministre de l'Interieur Mwenze Kongolo apres un incident survenu le 12 novembre a Goma alors qu'il sejournait dans cette ville pourrait l aisser supposer que meme le gouvernement de Kinshasa n'etait pas tenu au courant des incursions repetees de l'armee rwandaise. Le 12 novembre, en effet, un aff rontement arme s'est declenche au camp militaire de Katindo a Goma entre des mil itaires congolais et des hommes de l'armee rwandaise (de 150 a 300 hommes, selon les sources) qui y avaient trouve refuge apres avoir fui des combats au Rwanda contre les ex-FAR. Les sources militaires citees par le journal " La Reference Plus " paraissant a Kinshasa ont invoque comme cause des affrontements le fait q ue les militaires congolais , qui voulaient desarmer les rwandais se seraient he urtes a une resistance de ces derniers. Le bilan des affrontements qui ont dure une trentaine de minutes serait, d'apres le correspondant de " La Reference Plu s ", de 8 morts dans les rangs des rwandais et 7 du cote des congolais. Le jour nal rapporte que, mis au courant des incidents, le ministre Mwenze a publiqueme nt promis des mesures contre " ces individus qui, le jour, se montrent comme des citoyens congolais mais la nuit se transforment en militaires pour se livrer a des actes de vandalisme en territoire congolais avant de se retirer tranquilleme nt en territoire rwandais " et "qu'il a demande a Kigali de retirer immediatemen t ses hommes de troupe de notre pays "; Il est vrai que le chef d'Etat-Major de l'armee nationale du Congo, le g eneral James Kabari, officier de l'armee nationale du rwanda, a clairement fait savoir que les 22 commandos qu'il venait installer dans la region le 12 septembr e avaient pour mission de " poursuivre l'ennemi commun avec le rwanda voisin : l es militaires congolais, a-t-il ajoute, peuvent poursuivre l'ennemi meme sur le territoire rwandais et vice-versa ". De facon encore plus claire, il a tenu a p reciser que " pour un militaire, apres la guerre c'est la guerre, parce que, lor squ'on brule et qu'on oublie de retourner au point de depart pour decouvrir les herbes qui ont resiste au feu, le travail fait est bacle ". ________________________________________________________________________________ __________ AGENCE DE PRESSE D.I.A. (Documentation et Informations Africaines) B.P. 2598 KINSHASA 1 - Directeur-Editeur Responsable : Pere VATA DIAMBANZA s. j. Tel. : +243-12-33197/+1-212-3723598 Fax : +243-12-33196/+1-212-3723598 E-MAIL : BOBOTO@KINPOST.CCMAIL.COMPUSERVE.COM