4e partie D.I.A. - EDITION INTERNATIONALE SOMMAIRE D'ACTUALITES CONGOLAISES ASSOCIATION DE DEFENSE DES DROITS DE L'HOMME AU CONGO/KINSHASA DROITS DE L'HOMME AU NORD-KIVU RAPPORT SUR L'ETAT DES DROITS DE L'HOMME AU NORD-KIVU APRES UNE ANNEE D'ADMINIST RATION PAR L'AFDL " UNE ANNEE D'ADMINISTRATION AFDL : PLUS CA CHANGE PLUS C'EST LA MEME CHOSE " II. UNE ARMEE INDISCIPLINEE Encore rebelle, l'armee Afdl etait reputee pour la discipline de ses hom mes, leurs correction et bonne tenue en contraste avec les troupes notoirement i ndisciplinees des FAZ. Toute conquete d'un nouveau territoire etait suivie de s essions de reeducation au cours desquelles de jeunes officiers de cette armee en seignaient le respect de la vie et du bien public aux soldats vaincus des ancien nes FAZ. C'est au Nord-Kivu, dans les camps de Rumangabo et de Kibumba, que les cours de reeducation ont ete inaugures des decembre 1996. C'est pourtant aussi dans cette province, apres seulement douze mois de contact avec la population, que l'armee de l'Afdl presente aujourd'hui la face la plus brouillee de son imag e deformee par exactement les memes actes d'indiscipline reproches a l'armee de Mobutu. a) Officiers anonymes et " Soldats-Sans-Frontieres " Dans cette region, particulierement dans sa partie sud frontaliere du Rwanda, l es actes d'indiscipline de l'armee sont mis en relief par l'impression de confus ion totale entre les troupes de l'Afdl et celles de l'Apr. Ainsi de jeunes sold ats de l'armee rwandaise circulent regulierement a Goma en uniforme et en armes pendant la journee, avant de retourner le soir au Rwanda, ce qui leur a valu de la part de la population locale le surnom de " Soldats Sans Frontieres ". On si gnale aussi que ces soldats retournent parfois au Rwanda avec des personnes qu' ils auront arretes au Congo et qui doivent aller purger leur detention dans des cachots au Rwanda. A Goma on les appelle " Prisonniers Sans Frontieres ". Comm e ceux de l'APR, les soldats de l'AFDL ne portent aucun grade distinctif qui pui sse permettre a la population de distinguer les officiers en charge de commandem ent. Ces derniers, connus surtout par des prenoms plus ou moins anonymes (" Wil son ", " James ", " Vincent " et " David " a Masisi et Rutshuru; " Cesaire " et " Richard " a Goma; " Claude ", " Bosco " et " Innocent " a Butembo et Beni, etc ) portent tous le titre d' "Afande ", un terme d'origine ougandaise qui signifie nt " Commandant ". Meme lorsque, le 12 septembre, le gouverneur du Nord-Kivu pr esente a la population de Goma le plus haut responsable de l'armee nationale, l' officier rwandais James Kabari, il presente comme le " Commandant James ", sans plus. b) Armee d'occupation Commandants ou pas, les soldats tutsi de l'Afdl et de l'Apr passeraient pour etr e au-dessus des autorites locales et des autres soldats, ce qui leur vaut d'etre consideres par la population comme une armee d'occupation. Le fosse avec les s oldats non tutsi ne cesserait de s'elargir. Le rapport conjoint des ONGs de Gom a souligne qu'avant la guerre au Masisi, les soldats non Tutsi y etaient traites comme des esclaves par leurs collegues Tutsi : ils etaient charges de couper d u bois, de faire la cuisine, et toute velleite de resistance etait severement re primee par d'atroces tortures physiques. Le rapport note que partout dans la pr ovince il etait evident que l'armee etait constitue de deux blocs bien distinct s : les tutsi et les autres, les premiers ayant le monopole du commandement dans les unites d'operation. Une plus profonde mefiance etait entretenue entre la p olice composee presqu'exclusivement par des congolais non-tutsi et l'armee. Le s commandants tutsi consideraient la police comme une boite a recycler les ancie nnes FAZ de Mobutu, tandis que les agents de police se plaignent d'etre sous-pay es, voire de n'etre pas du tout regulierement payes alors que les soldats receva ient sous forme de primes des salaires d'au moins cent dollars americains. Les policiers vivent ainsi grace a des extorsions contre la population, sous forme d e collectes d'argent exigees de vendeurs au marche ou d'amendes infligees a des individus suite a des " proces " illegaux, exactement comme le faisaient les ge ndarmes et soldats des FAZ. Des incidents qui soulignent l'ampleur de la tension entre les deux bloc s ont parfois ete signales, comme celui au cours duquel un officier tutsi base d ans la localite touristique de Rwindi a ravi leurs armes aux policiers de Kibiri zi sans aucune explication. Vers la fin du mois de juillet, un autre policier q ui assurait l'ordre dans un stade de football de Kibirizi aurait ete depouille d e son arme par un soldat tutsi nomme Bodogire. Les informations sont que pendan t la meme periode, le commandant tutsi du bataillon de Matanda (Masisi) avait pu bliquement demande a la population, qui avait pris l'habitude d'approvisionner l es policiers en argent et nourriture, de cesser de la faire. Au cours du mois d 'aout a Goma, un officier Katangais envoyes pour mettre de l'ordre dans les tro upes a du repartir en catastrophe a Kinshasa apres avoir echappe a un attentat a ttribue aux Tutsi. A Butembo, c'est le commandant de la police, l'Adjudant Mis ingi, qui aurait echappe a un autre attentat attribue, lui aussi, a un officier tutsi, commandant a Lubero. Dans la nuit du 7 au 8 septembre c'etait au tour du chauffeur du general Ndenga Mufu, commandant de la 10e Brigade, d'etre mortelle ment atteint de balles tirees par des soldats non identifies au cours d'une embu scade dont on se demandait si elle visait le general. c) Une armee d'ivrognes ? Le signe le plus courant d'indiscipline des soldats de l'Afdl est sans doute leu r penchant tres prononce pour le boissons alcooliques consommees souvent en pub lic et a toutes heures de jour et de nuit. Des exces d'alcool ont souvent eu de s consequences mortelles. Le 18 mai, dans un debit de boisson situe au n? 6 de l'avenue Kasika a Goma/Katindo, un soldat completement ivre fait un geste incont role qui degoupille la grenade qu'il portait a la hanche. L'explosion entraine la mort immediate du soldat et blesse grievement quatre personnes qui consommaie nt des boissons. D'apres les chiffres de l'Azadho/Goma, cet incident etait le c inquieme de ce genre en quatre mois. Le plus tragique de cette serie d'incident s etait survenu au marche de Rutshuru le 5 mars lorsqu'un soldat ivre avait dego upille par megarde une grenade dans la poche de son uniforme en voulant en retir er de l'argent pour acheter des cigarettes. Outre le soldat dont le corps etait dechiquete, l'explosion avait alors tue trois vendeurs, et en avait grievement blesse trois autres. Au cours d'un autre incident survenu dans la localite de Kyavinyonge le 7 aout, un soldat nomme Kambale en etat d'ivresse tenait en respect un groupe de personnes auxquelles il demandait de l'argent en les menacant d'une grenade qu' il tenait a la main. Samedi 4 octobre, un vendeur prenomme Evariste a ete agres se a Beni/Tamende par un militaire en etat d'ebriete qui voulait s'emparer d'un paquet de cigarettes et d'un flacon de lait de corps. L'opposition du vendeur a place le soldant dans un etat de fureur tel qu'il s'est mis a tirer dans tous l es sens sans atteindre aucune cible, avant de s'en aller. d) Cas d'extorsion de la population civile Des cas d'extorsion de la population sont rapportes a une grande echelle et sont souvent l'occasion pour les militaires d'etaler des signes d'indiscipline. Ain si au cours d'un incident survenu le 17 avril au marche de Virunga a Goma, trois soldats qui ranconnaient et extorquaient les vendeurs se sont mis a tirer des c oups de feu en l'air en courant pour echapper a d'autres soldats qui les pourcha ssaient. Les detonations ont provoque un mouvement de panique tel que le marche s'est vide immediatement et des vendeurs ont perdu leurs marchandises. Il a et e signale un autre incident provoque le 31 aout par un soldat qui avait refuse de payer le prix de la course au taximan qui l'avait conduit aux environs du mar che de Virunga a Goma. L'intervention d'un autre soldat sollicitee par le taxim an a eu l'effet de provoquer la colere du mauvais client qui se pretendait comma ndant n'ayant aucun ordre a recevoir d'un soldat moins grade. Et pour confirmer sa superiorite, le soi-disant commandant s'est mis a tirer en l'air, provoquant un mouvement de panique au cours duquel des vendeurs ont abandonne leurs articl es. Les cas d'extorsion ont aussi concerne la police, creee pourtant entre a utres dans le but de punir les actes d'indiscipline dans l'armee. Ainsi le 18 j uillet vers 19h00 sur l'avenue Kanyama a Beni, Michel Magloire, vendeur de cafe au marche de Beni est arrete par deux policiers qui lui extorquent une somme de 20 dollars, lui prennent sa chemise et menacent de la tuer lorsqu'il essaie d'op poser une resistance. Le lendemain 9 juillet vers 20h00, d'autres policiers arr etent Mbale et le battent parce qu'il n'avait pas d'argent. III. LES DROITS VIOLES Dans le rapport deja cite d'avril 1996, l'AZADHO notait encore : " L'insecurite observee a Goma et a Masisi est signalee, a des degres divers, d ans quasiment toutes les collectivites de la region du Nord-Kivu. Sous pretexte de gerer la presence des refugies rwandais ou de controler les activites de pre tendus " rebelles " infiltres a partir des territoires ougandais ou rwandais, de s troupes continuent d'etre envoyees par dizaines de milliers dans la region. T out comme pour Masisi et Goma, ces troupes, coupees de tout ravitaillement et pr otegees par une indiscipline manifeste, se livrent en realite a la repression sy stematique des populations civiles, a l'asphyxie de paysans par de nombreuses et trop couteuses barrieres sur les routes, ainsi qu'au harcelement des commercant s rackettes ". A quelques details pres, et moyennant le legers changements d'acteurs, cette description pourrait parfaitement correspondre a la situation actuelle dan s le Nord-Kivu. .../... ________________________________________________________________________________ __________ AGENCE DE PRESSE D.I.A. (Documentation et Informations Africaines) B.P. 2598 KINSHASA 1 - Directeur-Editeur Responsable : Pere VATA DIAMBANZA s.j. Tel. : +243-12-33197/+1-212-3723598 Fax : +243-12-33196/+1-212-3723598 E-MAIL : BOBOPT@KINPOST.CCMAIL.COMPUSERVE.COM