DE L'AFRIQUE VERS LE MONDE REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO LE MESSAGE DU 16 FEVRIER 1992 A LA POSTERITE : LA LIBERTE S'ARRACHE Kinshasa, le 23 février 2001 - (D.I.A.) - Monsieur l'abbé Antoine Matenkadi, président de la commission diocésaine Justice et Paix dans l'archidiocèse de Kinshasa, estime que le message que l'événement du 16 février 1992 laisse à la postérité congolaise peut se résumer comme suit : la liberté s'arrache, elle ne s'octroie pas. Le prêtre a accordé ce lundi 19 février 2001, à l'occasion du neuvième anniversaire de cet événement, une interview à un journaliste de l'agence Dia à Kinshasa. Il a indiqué que le 16 février rappelle à la mémoire collective des Congolaises et Congolais le combat pour la démocratisation des institutions en République Démocratique du Congo (RDC). A cette époque-là, en 1992, cette démocratie et cette ouverture passaient, a-t-il souligné, par la rencontre des fils et filles du pays à la Conférence nationale souveraine (CNS) et sa fermeture d'une manière unilatérale est venue annihiler les espérances du peuple autour de la démocratisation et de l'ouverture politique. L'abbé A. Mantenkadi a développé ce message que laisse à la postérité la date du 16 février en ajoutant que les Congolais doivent se déterminer eux-mêmes, ce qui exige de la part de chacun un engagement vrai et sincère. Le président de la commission Justice et Paix à Kinshasa a présenté dans la suite les réflexions suivantes tout au long de cette interview. - Torts d'une élite et poursuite du combat pour la démocratie face à la philosophie actuelle de la pensée unique La jeunesse d 'aujourd'hui, qui se prépare à prendre la relève demain, ne doit pas perdre de vue que science sans conscience n'est que ruine de l'âme. C'est le lieu de lui rappeler tous les torts que l'élite de l'indépendance et des années qui ont suivi a fait subir à la nation en mettant trop souvent sa science au service des intérêts égoïstes et partisans, et non de l'intérêt national. L'événement du 16 février 1992 dit encore quelque chose aux Congolais dans la mesure où le combat pour la démocratie continue. Hier comme aujourd'hui le pays continue à être dirigé à travers la philosophie de la pensée unique et de l'exclusion. La victoire du 16 février 1992 dans ce contexte constitue un stimulus qu'on ne doit pas enterrer. Il faut continuer à garder vivace la flamme du 16 février 2001 tant que les situations d'oppression et de dictature dénoncées hier ne sont pas encore déracinées. Le 16 février 1992 constitue ce miroir dans lequel le peuple se regarde et se dit qu'il est capable de renverser la vapeur au lieu de s'installer dans la peur. - L'Eglise n'entend pas oublier les victimes et martyrs du 16 février 1992 Concernant la commémoration de ce malheureux événement chaque année, l'Eglise de Kinshasa a dès le début demandé à tous les pasteurs qui oeuvrent dans l'archidiocèse de le célébrer avec des intentions spéciales pour les frères et sœurs qui sont tombés en cette date lors de la marche des chrétiens. Chaque année en ce jour l'Eglise catholique qui est à Kinshasa se souvient de ces victimes et de ces martyrs. Cette année celle-ci est restée dans la même ligne en rappelant la circulaire antérieure qui a invité les pasteurs à ne pas oublier une intention spéciale pour les victimes du 16 février lors des célébrations quotidiennes de la journée. - Groupes et associations de la Société civile : Des gestes au profit des parents et enfants des victimes A Kinshasa il faut déplorer comme cela est toujours le cas l'agitation et l'opportunisme que créent certains groupes et associations de la Société civile autour de la célébration de cet événement qui pour beaucoup est devenu l'occasion de se mettre en vedette, de voler le leadership aux autres, en s'attribuant l'organisation et la réussite de l'anniversaire . La meilleure façon de célébrer cet événement douloureux par ces groupes et associations de la Société civile est de retrouver les parents et les enfants des victimes et de poser à leur égard des gestes de reconnaissance, afin de manifester chaque fois lors de cet anniversaire douloureux la gratitude de tout un peuple envers ces fils et filles qui ont cru à la liberté et sont sortis pour le montrer et qui ont été malheureusement fauchés par les forces envoyées pour disperser cette marche des chrétiens. Ces groupes et associations s'impliquent dans la commémoration en ignorant superbement les familles des disparus. - Point culminant de la capacité de mobiliser les masses par les Eglises Depuis le 16 février 1992 la situation dans le pays a toujours oscillé entre le découragement, la déception et l 'encouragement, parce que l'objectif de la démocratie et de la liberté connaît toujours un retard dans sa réalisation. Le sentiment d'encouragement s'explique parce que cette date reste le point culminant de la force de mobilisation des masses dont les Eglises sont capables, principalement l'Eglise catholique, quand il s'agit de défendre une cause noble. Autour de cet événement il y a eu un élan de solidarité des Eglises de l'Afrique, de l'Europe et de l'Amérique à l'égard des chrétiens du Congo-Kinshasa. Cet élan de solidarité a constitué une pression supplémentaire non négligeable qui a pesé dans la balance en vue de la réouverture des travaux de la Conférence nationale souveraine. Depuis les Eglises, comme avant cette date d'ailleurs, ont toujours manifesté leur solidarité au peuple congolais dans ses souffrances et dans ses misères. - Monument aux martyrs de la démocratie Le souhait est de voir le 16 février être décrété fête légale ou journée chômée et payée. Un monument est à élever à la mémoire de ces martyrs de la démocratie. Une publication essayera de relater de manière objective ce qui s'est effectivement passé ce jour-là : animateurs, organisation, etc. La tentation de récupération et de déformation des faits et l'opportunisme sont maintenant manifestes de la part de beaucoup de groupes qui n'étaient peut-être pas présents lors de ce drame. - La commission diocésaine Justice et Paix entre la réalité du financement et de l'environnement dans ses projets concernant la journée du 16 février Les initiatives devant émaner de la commission diocésaine Justice et Paix ne manquent pas. Les obstacles majeurs sont de deux ordres : le financement et l'environnement. Même s 'il ne s'agit pas de gros moyens pour financer ces projets, les finances ne sont pas disponibles. La population à Kinshasa comme ailleurs dans le reste du pays est préoccupée par ses problèmes de survie. Toute initiative de conscientisation, de sensibilisation ou d'information qui n'est pas destinée à résoudre directement un problème de survie ne doit pas s'attendre à un impact efficace dans le sens de l'implication des habitants, l'échec étant programmé d'avance. Puisque chaque jour la population doit survivre, les actions de sensibilisation ont maille à réunir toutes leurs chances de réussite. Une autre triste réalité dans cet ordre de réflexions est que ceux qui ont les idées n'ont pas les moyens et ceux qui ont les moyens n'ont souvent pas d'idées. (D.I.A.) PAX CHRISTI FLANDRES EN BELGIQUE : SOUTIEN ET ENCOURAGEMENT A LA SOCIETE CIVILE DU CONGO A L'OCCASION DE LA JOURNEE DU 16 FEVRIER 1992 Kinshasa, le 23 février 2001 - (D.I.A.)- Dans un message daté du 16 février 2001 Pax Christi Flandres (Belgique) a exprimé sa profonde appréciation et solidarité à l'égard de la société civile de la République Démocratique du Congo (RDC), à l'occasion de la commémoration de la Marche de l'Espoir du 16 février 1992. L'organisation catholique belge regrette toute violence envers le peuple congolais et ses dirigeants. "Nous sommes heureux de la libération de vos membres de la société civile emprisonnés récemment et espérons que les autres suivront bien rapidement", indique le message. En effet à la suite de la publication de la lettre du collectif du 16 février 2001, certains membres des Organisations non- gouvernementales de la RDC avaient été arrêtés. Pax Christi Flandres encourage les membres de la société civile dans les propositions qu'ils ont formulées le lundi 5 février 2001 en vue d'une meilleure gestion du pays et d'un vrai dialogue national. L'organisation belge s'engage, dans la mesure de ses possibilités, à aider à réaliser les conditions nécessaires pour la réussite de ce dialogue national et d'une paix juste et véritable au Congo-Kinshasa. " En coopération avec d'autres organisations de solidarité en Belgique, a déclaré Pax Christi Flandres, nous insistons auprès de nos autorités politiques belges de continuer à contribuer à la réalisation de l'Accord de Lusaka, surtout en demandant un engagement plus décisif du Conseil de sécurité des Nations Unies en faveur de l'application de cet Accord." (D.I.A.)