ACTUALITES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO MGR CYPRIEN MBUKA, L'EVEQUE AUXILIAIRE DE BOMA ARRETE PAR LE POUVOIR DE KINSHASA, A ETE LIBERE Kinshasa, le 12 janvier 2001 (D.I.A.) Le secrétariat de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENC) vient d'annoncer la libération de Mgr Cyprien Mbuka, évêque auxiliaire de Boma. Cette libération est intervenue le 10 janvier 2001 à 11h 15' (heure de Kinshasa). Le 9 janvier 2001, dans un communiqué de presse, le cardinal Etsou, archevêque de Kinshasa et président de la CENC, avait protesté contre les arrestations arbitraires des évêques catholiques congolais et dénoncé les violations de droits humains à l'endroit de ces prélats. Mgr Cyprien Mbuka a été arrêté le 28 décembre 2000. Appréhendé dans la ville portuaire de Matadi, dans la province du Bas-Congo, il a été acheminé à Kinshasa où il était détenu dans les prisons de la DEMIAP ( Détection militaire des activités anti-patrie). Il était accusé de détenir sans licence une valise satellitaire et de tenir des propos subversifs à l'encontre du gouvernement de Kinshasa. Le cardinal Etsou s'était rendu au lieu d'incarcération de son confrère. Une première fois éconduit par les autorités de la DEMIAP, l'archevêque de Kinshasa a pu néanmoins rencontrer Mgr Mbuka dans sa prison. L'ordinaire de Boma, Mgr Mbadu, avait rejoint Kinshasa depuis le 3 janvier 2001 pour suivre l'affaire. La presse kinoise dans sa majorité a fait largement écho de cette arrestation qui a mis le gouvernement de Kinshasa dans une situation délicate. (D.I.A.) VAGUE D'ARRESTATIONS DES EVEQUES CATHOLIQUES AU CONGO-KINSHASA DEPUIS 1998 Kinshasa, le 12 janvier 2001 (D.I.A.) Dans un communiqué de presse daté du 9 janvier 2001, le cardinal Etsou, archevêque de Kinshasa et président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENC), proteste contre les arrestations arbitraires des évêques congolais. Depuis l'arrivée de M. Kabila au pouvoir en mai 1997, on assiste à une vague d'arrestations des membres de l'épiscopat catholique du pays. Mgr Kesenge, évêque émérite depuis octobre 1997 de Molegbe, au nord- ouest de la République Démocratique du Congo (RDC), a été interpellé au début de l'année 1998 par les services de sécurité de la présidence de la république. Ceux-ci sont basés au bâtiment GLM à Kinshasa. Le prélat était accusé de couvrir un trafic d'armes supposées transitées dans le container commandé par son diocèse. L'intervention du cardinal Etsou et du nonce apostolique d'alors, Mgr Faustino Sainz Munoz, a permis la libération de Mgr Kesenge en moins d'une journée de détention. La ville de Gbadolite, ancien fief du maréchal Mobutu, relève du diocèse de Molegbe. Mgr Kesenge réside actuellement à Kinshasa. Kindu, chef-lieu de la province du Maniema, servant de quartier général pour la campagne militaire des forces gouvernementales tombe à partir du 12 octobre 1998 entre les mains des rebelles et des agresseurs rwandais. Mgr Théophile Kaboy, évêque de Kasongo, au Maniema, à l'Est du pays, est arrêté peu après dans son diocèse, en plein territoire sous occupation rebelle. Cette arrestation a été opérée par des unités des troupes loyales au gouvernement de Kabila. Amené à travers des pistes de forêt jusqu'au Kasaï en territoire sous contrôle gouvernemental, Mgr Kaboy est envoyé à Kinshasa où il est mis en prison sous l'inculpation de complicité avec les rebelles. Il a été libéré quelque temps après, lavé de tout soupçon. Il est retourné dans son diocèse. Depuis sa libération, Mgr Kaboy est déjà venu à Kinshasa participer à des rencontres de la CENC. Mgr Nestor Ngoy Kathawa, actuel évêque de Kolwezi, au Katanga, en partie contrôlé par la rebellion, a été arrêté en juillet 2000, bien après la chute de Manono, ville de natale du président Laurent-Désiré Kabila. Ce prélat était l'ordinaire de cette entité. En séjour de travail à Kinshasa, Mgr Ngoy a été retenu au départ de la capitale à l'aéroport de N'Djili. Le gouvernement l'a accusé d'avoir favorisé l'entrée des rebelles du RDC/Goma soutenu par les Rwanda et de leurs alliés à Manono. Le RDC/Goma était dirigé en ce moment par le docteur Emile Ilunga, considéré comme étant le cousin de l'évêque de Manono. Ce double acte d'accusation a été démenti par voie de presse par l'évêque lui-même, peu après son relaxe en septembre 2000. Le 8 décembre 2000 le pape l'a nommé au siège épiscopal de Kolwezi, autre ville du Katanga. Kolwezi, centre de la Gecamines, est sous contrôle gouvernemental. Mgr Cyprien Mbuka, évêque auxiliaire de Boma, a été mis aux arrêts depuis le 28 décembre 2000. Appréhendé dans la ville portuaire de Matadi, dans la province du Bas-Congo, il a été acheminé à Kinshasa où il est détenu dans les prisons de la DEMIAP ( Détection militaire des activités anti-patrie). Il est accusé de détenir sans licence une valise satellitaire et de tenir des propos subversifs à l'encontre du gouvernement de Kinshasa, accusations non encore prouvées par le pouvoir en place. Le cardinal Etsou, une première fois éconduit par les autorités de la DEMIAP, a néanmoins pu rencontrer Mgr Mbuka dans sa prison. L'ordinaire de Boma, Mgr Mbadu, est à Kinshasa depuis le 3 janvier 2001 pour suivre l'affaire. La presse kinoise dans sa majorité fait largement écho de cette arrestation qui met le gouvernement de Kinshasa dans une situation délicate. (D.I.A.) LE RCD/GOMA EMPECHE UNE DELEGATION AMERICAINE DE RENCONTRER LES REPRESENTANTS DE L'ARCHIDIOCESE DE BUKAVU EN TERRITOIRE OCCUPE Bukavu, le 12 janvier 2001 (D.I.A.) M. Wolf Franck, sénateur américain et sa délégation ont été interdit de rencontrer l'archevêché de Bukavu, à l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC), en territoire sous contrôle des troupes rwandaises. Le mardi 9 janvier 2001, M. Franck et son équipe avait un rendez-vous de travail avec la délégation de l'Eglise catholique de Bukavu. Cette rencontre n' a pas eu lieu parce que les services de sécurité du mouvement rebelle RCD/Goma avaient séquestré les représentants de l'archidiocèse de Bukavu dans l'enclos de l'archevêché. Selon les dires de monsieur Nicolas Kashando, membre de l'équipe venue interdire la rencontrer, les injonctions émaneraient du gouverneur de la province Katintima et de M. Mudumbi, chargé des Affaires étrangères du RCD/Goma. Toutefois avant de quitter le lieu, les Américains se sont rendus à la tombe de Mgr Kataliko, décédé à Rome le 4 octobre 2000 et à celle de Mgr Munzihirwa, assassiné à Bukavu le 29 octobre 1996 par les éléments de l'AFDL et du Rwanda.(D.I.A.) UNE VOIX S'ELEVE POUR RECLAMER UN MONUMENT EN L'HONNEUR DES VICTIMES DU 8 JANVIER 1996 Kinshasa, le 12 janvier 2001 (D.I.A.) Le 8 janvier 2001, un antonov russe s'est écrasé sur le marché Type-K de Kinshasa. On a compté 300 morts et de nombreux blessés. Cinq ans après l'accident, une voix s'élève pour réclamer l'érection d'un monument à l'honneur des victimes. Il s'agit du professeur Lye M. Yoka qui a adressé une lettre ouverte au gouverneur de la ville de Kinshasa, publiée dans le quotidien Le Potentiel du 9 janvier 2001, en ces termes : "Le mois de janvier dans notre pays est le mois des martyrs. L'histoire et sans doute le hasard en a voulu ainsi 4 janvier 1959. 17 janvier 1961. D'un côté la foule innombrable de héros d'un jour, dépités par un match mal arbitré et dépités en fait de tout, surtout de la présence et de la pression coloniales. De l'autre côté, mais sur le même versant de l'Histoire, trois martyrs, ceux-là emblématiques : Lumumba, Okito, Mpolo. Entre les deux dates martyres de janvier l'a-t-on déjà oublié dix ans à peine? Il y a les victimes de Type K. Ce jour-là, du 8 janvier 1996, vous souvenez-vous en plein marché effervescent, un avion fou, piloté par des mercenaires fous, avec une cargaison pour une armée de fous a ratiboisé la foule des mamans marchandes, des enfants "shégués" et de nombreux clients. 300 morts! Morts pour rien, morts sans comprendre, morts comme des mouches que l'on écrase et que l'on oublie. Deux fois morts aujourd'hui puisque personne n'en parle ni ne s'en souvient. Il y avait parmi les morts, des pauvres mères de famille grillées au soleil pour une maigre pitance ; des pauvres mères grappillant ici et là la maigre consolation comme pain quotidien, des enfants accrochés aux pagnes des clients parce que l'école buissonnière ou maraîchère est leur seule distraction. Fous fauchés! Par un avion fou, par des mercenaires fous au service des potentats avides et cyniques. Bien sûr, il y a eu un semblant de procès. De la poudre aux yeux. De la pantalonnade pour la galerie. Il y a eu aussi des larmes. Larmes protocolaires. Larmes de crocodile. Monsieur le gouverneur, j'évoque tout cela au nom des sans-voix, des sans-le-sou, des sans-grade, des sans-parents. Morts anonymes. Pas une fleur. Pas un monument! Monsieur le gouverneur, je m'adresse à l'homme de cSur et d'esprit, à l'homme d'engagement que je connais et que j'apprécie. Mon cri de cSur est un devoir de mémoire car la patrie existe aussi pour ceux-là qui n'ont pas de nom, qui ne figurent sur aucune statistique, qui sont à la périphérie de l'histoire et à l'annexe de la géographie. Monsieur le gouverneur, un monument pour eux, pour consoler leur mémoire! Un monument qui rappelle que la démocratie est le pouvoir des anonymes, des soldats inconnus, des héros de l'ombre. Ceux-là qui nourrissent notre capitale, qui se privent tout pour que tout le monde ait tout; ceux-là ou celles-là qui nous réveillent à l'aube comme des hirondelles et nous rappellent que le jour existe, que l'amitié et la solidarité existent, qu'il y a un Dieu pour les sans-visages, les sans-le-sou, les sans-grade, les sans-papiers, les sans-domicile-fixe. Monsieur le gouverneur, un monument pour ceux-là, et l'Histoire se souviendra de vous. Et d'eux! Haute considération Pr. Lye M. Yoka." (D.I.A.) AGENCE DE PRESSE D.I.A. (Documentation et Informations Africaines) B.P. 2598 Kinshasa I - République Démocratique du Congo Directeur-Editeur Responsable : VATA DIAMBANZA s.j. Tél. 243 - 12 - 33196/33197 - Nouvelle adresse E-mail : dia@ic.cd DE L'AFRIQUE VERS LE MONDE REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO PROCHAINS WEEKS-ENDS DES THEOLOGIENS CATHOLIQUES LAICS SUR ENJEUX ETHIQUES DE LA MONDIALISATION AU SUD ET THEOLOGIE FACE AUX DROITS HUMAINS Kinshasa, le 15 janvier 2001 - (D.I.A.) - L'Association des théologiens catholiques laïcs (ATCL) organisera au cours du premier semestre de l'année 2001 trois week-ends théologiques sur les thèmes ci-après : La résolution des conflits et la fraternité chrétienne, Enjeux éthiques de la mondialisation dans le Tiers monde et La théologie et les droits de l'homme. Ces weeks-ends se dérouleront grâce à l'assistance financière de l'Ama. C'est ce qu'annonce la présidence de l'ATCL dans son rapport daté du 30 décembre 2000, dont une des activités évoquées a été la tenue d'une session de formation des jeunes leaders chrétiens de la province du Katanga qui avait été ouverte par le vicaire général délégué par l'archevêque de Lubumbashi, Mgr Floribert Songasonga. - Pour la première fois de jeunes leaders chrétiens du Katanga réunis grâce à l'ATCL Cette session, qui a eu lieu du 28 au 30 décembre 2000 à Lubumbashi, a donné naissance à la section Katanga de l'ATCL. Trois membres effectifs - deux religieuses et une demoiselle - ont adhéré à cette nouvelle structure. A cette même occasion les jeunes leaders chrétiens du Katanga ont mis sur pied une plate forme de suivi et de concertation dénommée " Solidarité des communautés et des Eglises chrétiennes ". Sa présidence est tournante et elle est pour le moment confiée à un protestant, maître Mwamba. C'est pour la toute première fois que les jeunes leaders chrétiens du Katanga , de provenance catholique, kimbanguiste et orthodoxe, ont pu se rencontrer. Les participants au séminaire de formation des jeunes leaders des Eglises chrétiennes du Katanga organisé par l'ATCL en collaboration avec la commission Justice et Paix/catholique de la province ecclésiastique de Lubumbashi ont rendu publique une déclaration à l'issue de leurs travaux. Ils ont rappelé le thème abordé, à savoir " Evangile, Eglises et Etat en République Démocratique du Congo (RDC). Pour une pratique chrétienne de la politique ". Ils ont condamné la guerre d'agression dont est victime la RDC et exigé le retrait immédiat et sans condition des troupes d'agression du Rwanda, du Burundi et de l 'Ouganda. Ils ont exigé à l' Onu l'application effective des dispositions de sa charte et des résolutions 1304 et 1332 en rapport avec le maintien de la paix en RDC. Ils ont aussi exigé le déploiement des troupes de l'ONU aux frontières de la RDC pour le maintien de la paix et le respect de l'intégrité territoriale. La délégation de Kinshasa à ce séminaire était conduite par le professeur Antoine Muikilu, président de l'ATCL. Celui-ci ainsi que la théologienne laïque catholique Viviane Minikongo ont été reçus par Mgr Floribert Songasonga le 31 décembre 2000. La session, dont le cadre a été le grand séminaire interdiocésain Saint-Paul, sous la coordination logistique de l'abbé Fulgence Muteba de la commission Justice et Paix de la province ecclésiastique, constitue la deuxième étape de restitution de cette activité en province. Cette restitution a été réclamée par les participants au séminaire national sur le même sujet organisé à Kinshasa du 16 au 22 mai 1999. La première étape de restitution est intervenue à Kananga du 27 au 29 décembre 1999. Lors de cette deuxième restitution à Lubumbashi, la théologienne laïque catholique Clémentine Kazadi a dans son exposé abordé le sujet de " La place de la femme dans la société ". Monsieur l'abbé-professeur Charles Kipili, du grand séminaire Saint-Paul de Lubumbashi, a entretenu l'assistance de " L'enseignement social de l'Eglise ". Maître Mwamba du barreau de Lubumbashi a traité du sujet sur " Les rapports entre les Eglises chrétiennes et les politiciens ". L'honorable Kabimbi Ngoy a intitulé son exposé comme suit " L'expérience d'un chrétien dans la pratique politique en RDC ". Le président de l'ATCL s'est de son côté intéressé à la question de " La pertinence de l'éducation aux droits de la personne humaine ". Après avoir analysé les causes du manque de rayonnement évangélique des chrétiens engagés dans la politique, les participants ont proposé dans les travaux en atelier l'éducation effective à la politique des fidèles dans les Eglises, l'encadrement des chrétiennes et des chrétiens engagés dans la politique comme pistes de solution. Une dernière piste est celle de l'engagement socio-politique manifeste et explicite dont doivent faire montre les Eglises. La session s'est tenue grâce au concours financier de l'Action de carême Suisse et de l'abbaye de Westmalle.(D.I.A.) GUINEE GRAVE SITUATION HUMANITAIRE : LA CARITAS GUINEE ET LA CARITAS INTERNATIONALE SUR LE TERRAIN Conakry, le 15 janvier 2001 - (D.I.A.) - Les réfugiés en Guinée- Conakry continuent de se répandre en d'immenses flots humains. Ceux- ci se déversent sur la Sierra Léone et le Libéria qui à leur tour renvoient les leurs en Guinée dans leur fuite des combats dans les zones frontalières de ces pays. Le père Engel, directeur de Caritas Guinée, dénombre entre 450 et 500.000 personnes jetées sur les routes à cause de ces affrontements. Les camps de Macenta et de Kissidougou, dans ces régions frontalières, risquent d'être totalement désertés. Les personnes qui y ont été installées veulent regagner leur lieu d'habitation. A l'intérieur de la Guinée le père Engel déplore que les gens abandonnent leurs villages face à l'avancée des rebelles. Ces déplacés et réfugiés sont soumis à des mouvements continuels, ce qui, estime le père-directeur de la Caritas Guinée, rend difficile toute action pour les aider . La destruction des maisons et des champs ainsi que le vol du bétail sont devenus monnaie courante. Les réfugiés qui sont disposés à regagner leur lieu d'origine bénéficient des convois de Caritas Guinée assistée dans cette opération par le HCR, le CICR et le PAM. L'institution catholique a ouvert un camp à Conakry accueillant 3.000 personnes par jour où ces réfugiés sont acheminés. Elle va ouvrir un autre camp à la périphérie de la capitale Conakry. Caritas internationale, par son réseau mondial, soutiendra financièrement les projets initiés par Caritas Guinée dans ce cadre. Caritas Secours international - Belgique s'occupera de la gestion financière et administrative. Caritas Guinée se manifeste déjà sur le terrain grâce à son assistance au niveau des diocèses et à celle dite directe aux individus dans les sites. (D.I.A.) DE QUOI LIRE " LES VIOLENCES FAITES A LA FEMME DANS LA CULTURE KASAIENNE : MYTHE OU REALITES ", Kananga, éditions PROFER, 2000, 126 pages. Sous la direction de Marie Bapu, l'équipe d'Action de promotion de la femme rurale (PROFER), une œuvre de l'archidiocèse de Kananga créée en 1971, vient de publier et de présenter au public, le 1e tome d'une série des travaux sur les violences infligées à la femme. Le sujet est d'actualité dans les rencontres où il est question de plaidoyer pour la dignité de la femme surtout dans le cadre de la " convention relative à l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes ". Les 126 pages formant le tome sont reparties en quatre chapitres précédés d'une préface signée par Mr Frej Fenniche, directeur du Bureau sur terrain du Haut commissariat de l'ONU aux Droits de l'Homme en République Démocratique du Congo. Quand on se livre à la lecture de ce livre, on remarque que l'investigation s'appuie sur les bases de la littérature orale, principalement les proverbes, les devinettes, les sentences et la chanson populaire. L'aire culturelle analysée est celle qui couvre les provinces du Kasaï occidental et du Kasaï oriental où l'on retrouve 34 tribus différentes dont les Kete, les Luntu, les Pende, les Kuba, les Ndengese, les Luluwa, les Tetela, les Kanyok, les Luba, etc. Il s'agit d'une mosaïque rutilante aux identités culturelles particulières mais où la femme est perçue comme un être inférieur par rapport à l'homme. Après l'essai de définition des concepts tels que culture, droit, violence au premier chapitre, le lecteur va découvrir au chapitre suivant, comment la femme vit ses tourments à travers les âges des sociétés du Kasaï. Il faudra noter dès le départ que les racines culturelles sont celles qui ont déterminé cette personnalité de base faisant de la femme un être inférieur par rapport à l'homme. Depuis son enfance, la jeune fille reçoit de sa communauté sociale, des tâches spécifiques à remplir et des comportements à manifester dans la vie adulte. On note à la suite des cas que dans la conception du monde des communautés du Kasaï, la femme est destinée à son rôle fondamental qu'elle doit exercer dans le milieu mariage-foyer-famille où elle jouit du statut d'épouse soumise, mère d'une nombreuse progéniture et instrument de production au service de l'homme. Au chapitre III, les auteurs révèlent par des illustrations, les manifestations des violences infligées à la femme. A la suite de l'inventaire, on remarque que la femme subit son calvaire dès son enfance jusqu'aux dernières heures de son passage sur terre. Adulte prématurément, la jeune fille est surchargée dans les tâches ménagères qui préparent ainsi son destin de future épouse, mère et source de survie familiale. Aussi note-t-on que même dans son foyer, elle est considérée comme une étrangère qu'on peut répudier à tout moment parce que la dot ne garantit pas son contrat. En cas de deuil, de naissance d'enfants surtout exceptionnels, de veuvage ou de n'importe quel malheur, la femme est pointée du doigt pour subir des violences atroces pas seulement de la part des hommes mais surtout des femmes. Hier comme aujourd'hui, la situation de la femme n'a pas changé en ce qui concerne son statut social. C'est à la suite de ce tableau triste qu'au chapitre IV sont formulées des propositions pour lutter contre les violences exercées sur les femmes dans la culture kasaïenne. Ici, les axes adoptés sont ceux de l'alphabétisation conscientisant, de la promotion de l'éducation formelle en faveur de la jeune fille, de l'émergence et du soutien des compétences féminines et de la valorisation de l'image de la femme dans les modes de production culturelle (musique, mass-médias, proverbes, sketches …).Cette publication vient combler un vide dans la problématique des violences que subissent les femmes dans la démarche de l'approche de partenariat homme-femme. Un instrument de travail est mis à la portée des groupes de réflexion et des équipes d'action dans leurs efforts de conscientisation populaire et d'action de promotion sociale. (De notre correspondant Beya Ngindu)