DE L'AFRIQUE VERS LE MONDE DOCUMENT D.I.A. NIGERIA DECLARATION DES EVEQUES : "CONSTRUCTION DU ROYAUME DE DIEU DE JUSTICE ET DE PAIX" Lagos, le 26 mars 2001 -(D.I.A.)- L'agence DIA livre à ses lecteurs la deuxième et dernière partie de la déclaration des évêques du Nigeria réunis du 5 au 10 mars 2001 à Abuja, déclaration dont le titre est repris ci-dessus. La traduction a été assurée par la rédaction de l'agence. "6. Les causes de la présente situation Plusieurs facteurs sont à la base de l'actuelle situation. Certains remontent à l'origine de la nation, et d'autres sont très récents. Les facteurs remarquables sont les suivants : Le pouvoir a été tenu loin du peuple, et placé entre les mains d'une élite. La voix du peuple n'est plus entendue dans les milieux du gouvernement et le peuple s'est engourdi et il est devenu passif. Une des raisons en est que la population n'a plus une bonne compréhension de la personnalité et de la responsabilité des représentants qu'elle a élus durant les élections soi-disant libres et justes. Comme résultat, beaucoup de représentants élus ne sont pas redevables et n'ont aucun sens de service pour ceux qui les ont choisis. Un groupe restreint de personnes, soit dans le gouvernement soit en lien avec le gouvernement, d'une manière intéressée semble faire de l'obstruction à ce que veut le peuple. L'écrasante pauvreté et l'ignorance des populations les ont exposées à la manipulation des politiciens sans scrupules et égoïstes et d'autres personnes ou groupes qui les exploitent. Le peuple lui-même paraît afficher un optimisme béat et se montre passif, ne voulant pas faire face aux défis de la construction de la nation. Nous avons observé un déséquilibre dans la structure du pouvoir dans le pays. C'est pourquoi beaucoup s'agitent pour une révision de la structure existante du Nigeria et le retour du pouvoir au peuple. 7. La construction du royaume de justice et de paix Dans son message à notre Conférence, le président Obasanjo, prenant conscience de la gravité des problèmes liés à la corruption, à la violence et à la désunion, a déclaré : " La nation frappe à la porte de l'Eglise pour la paix et l'harmonie à cette heure de minuit. Levez-vous et répondez à nos besoins." En réponse à cette requête nous continuerons à jouer un rôle de plus en plus actif et important comme élément positif à l'intérieur de la société nigériane. Nous ordonnons à chaque paroisse de commencer un programme d'éducation de base des droits civiques et des responsabilités à l'intention de ses membres, spécialement à travers les commissions de justice, de développement et de paix. Si quelqu'un ne connaît pas ses droits, il est tout à fait facile au gouvernement et à d'autres de les lui arracher. En outre, nous nous engageons nous-mêmes à un programme national plus large de l'éducation sur l'enseignement social de l'Eglise catholique. Nous demandons aux Nigérians de suivre de près les activités des représentants élus, des agents de l'ordre et de la loi, des fonctionnaires de l'Etat, des hommes d'affaires, des agents de service public qui ne vivent pas selon les exigences de l'honnêteté. Nous les exhortons publiquement à les blâmer. D'une manière spéciale, nous attendons des fidèles catholiques dans leur vie publique et dans leur vie privée qu'ils vivent selon les modèles de l'Evangile et les valeurs du Royaume… En même temps nous enjoignons à nos membres de dire un 'non' clair et définitif à tout fonctionnaire qui refuse de se comporter de façon responsable. Cela doit se faire d'une manière pacifique et non- violente, mais avec fermeté. Dans l'effort d'amener un climat plus démocratique et de construire l'unité nationale sur base d'un vrai fédéralisme, une conférence nationale pourrait être d'un grand secours. Une telle conférence réussira seulement si elle regroupe les représentants issus de toutes les parties du Nigeria, hommes et femmes, riches et pauvres, et non pas une assemblée de leaders qui ont déjà tenté et ont échoué à reconstruire la Nation. Nous sommes convaincus que le vrai fédéralisme admettrait la diversité dans l'unité, reconnaîtrait le droit de chaque Nigerian à résider et à travailler dans n'importe quelle partie du Nigeria. Cela garantirait le vrai caractère fédéral dans les organes et les institutions du gouvernement, particulièrement la justice, l'armée, la police et les services de l'Etat. 8. Les signes du Royaume de Dieu Nous nous engageons nous-mêmes à être des signes du Royaume de Dieu de justice et de paix. Nous nous efforcerons à prendre exemple sur ce que nous désirons pour le Nigeria, à savoir les communautés d'unité et de paix où les dons, les voix, les talents, les espoirs et les aspirations du peuple sont pris en compte. Dans l'Eglise et dans la société civile il ne doit pas y avoir de membres ou de citoyens de première, de seconde ou de troisième classe. La discrimination basée sur le sexe, l'origine ethnique, la religion ou les préjugés culturels constitue une violation de droits humains fondamentaux. Nous collaborerons avec le gouvernement ici et à l'étranger, et avec les agents de sécurité pour libérer les femmes qui sont retenues esclaves dans l'exploitation sexuelle dans l'Outre -mer pour les ramener chez elles. Pour cela nous encourageons nos fidèles à une effective collaboration avec les réseaux nationaux existant de l'Eglise, les Ong, et autres organisations établies. Nous encourageons les efforts de la conférence des religieuses du Nigeria qui est à l'avant-garde de cette campagne. Nous de notre côté, nous écrirons une Lettre Pastorale sur cette question. La vie humaine qui vient de Dieu est sacrée et elle doit être aimée comme telle, respectée et protégée de la conception à la mort naturelle. Dieu seul donne la vie et lui seul peut la reprendre. L'avortement est contre la loi de Dieu. C'est pourquoi nous disons "non" et nous continuerons à dire "non" à l'avortement. Nous le ferons avec nos voix, avec nos votes et avec nos pieds. Nous soutenons les actions jusque-là entreprises par l'organisation des femmes catholiques du Nigeria et par d'autres organisations sur cette question. Face à l'absence de progrès et au manque d'initiative du gouvernement au niveau national, fédéral et local, nous intensifierons nos efforts à fournir des services de santé de base et des services sociaux, et à construire ainsi qu' à améliorer les écoles. Et en même temps nous continuons à insister pour que le gouvernement ait à coeur la responsabilité d'assurer une éducation de base, les soins de santé primaire et d'autres services sociaux à toute la nation. Nous faisons l'éloge du geste des Etats qui ont déjà rétrocédé les écoles et les hôpitaux à leurs propriétaires. Nous exhortons les autres à faire de même. Nous élargirons notre programme sur la connaissance du SIDA pour endiguer cette pandémie. A travers les sermons et lettres pastorales, nous inspirerons à notre peuple une réponse de compassion à l'endroit des personnes qui souffrent de cette maladie. Au lieu de la mentalité de l'usage du condom, nous conseillons le retour au plan de Dieu sur la sexualité humaine lequel exige la continence pré-maritale et la fidélité dans le mariage. Le chemin conduisant au Royaume de justice et de paix demandera un sacrifice. L'égoïsme devra capituler devant le don de soi et le travail pour le bien commun. Nous devons renoncer aux attitudes de cupidité et d'accumulation des biens en faveur d'un engagement permettant de satisfaire aux besoins élémentaires des gens. Les Nigérians devront être prêts à relever ce défi. Dans tout cela nous ne devons pas travailler seuls. Nous voulons collaborer avec les autres qui partagent nos idéaux et notre vision du Royaume. Particulièrement nous tendons une main visant la collaboration au gouvernement au niveau local, fédéral et national. 9. Conclusion Nous croyons avec le prophète Ezéchiel que les os desséchés vivront (Ezéchiel 37)! Nous croyons aussi avec le prophète Jonas que même Ninive, cette grande cité, s'est convertie et qu'elle s'est tournée vers le Seigneur (Jonas 3). Nous demeurons un peuple d'espoir, surtout lorsque nous continuons à nous renouveler nous-mêmes, le cœur et l'esprit, durant cette période de Carême. Le pape Jean-Paul II nous exhorte au début du nouveau millenium : Allons de l'avant dans l'espérance ! Un nouveau millénaire s' ouvre devant l'Eglise comme un vaste océan dans lequel s' aventurer, comptant sur le soutien du Christ. Le Fils de Dieu, qui s'est incarné il y a deux mille ans par amour pour les hommes, accomplit son œuvre encore aujourd'hui : nous devons avoir un regard pénétrant pour la voir , et surtout nous devons avoir le cœur large pour en devenir nous-mêmes les artisans. (N°58, Novo Millennio Ineunte, 6 janvier 2001). Même "à cette heure de minuit" il n'est pas trop tard pour le Nigeria. Le Nigeria dispose d'un peuple, de ressources et de talents pour réaliser ce qui doit être fait. Par l'intercession de Notre Reine de la paix et Reine du Nigeria, nous continuons à prier afin que Dieu tout-puissant, que tous les Nigérians reconnaissent comme Maître de l'histoire, soutienne nos efforts dans la construction du Royaume de Dieu de justice et de paix." (D.I.A) SENEGAL LE CONSEIL EXECUTIF DE YMCA SE REUNIT A DAKAR Dakar, le 23 mars 2001 - (D.I.A.) - L' Afrique accueille du 23 au 29 avril 2001 et ce pour la première fois à Dakar, au Sénégal une réunion du comité exécutif de l'Union chrétienne des jeunes gens en sigle anglais YMCA. D'après les textes de sa constitution, le conseil mondial de cette organisation se tient tous les quatre ans. Dans l'intervalle, le comité exécutif se réunit pour évaluer le travail. Longtemps organisée à Genève en Suisse, l'assemblée générale s'est déroulée une fois au Canada et une fois aux USA. Cette fois-ci, Dakar en Afrique a été choisi par les responsables de l'organisation des jeunes chrétiens, fondée en 1844 et qui regroupe 128 mouvements nationaux. Monsieur Carlos Sanvee, Togolais, secrétaire exécutif chargé des relations avec l'Afrique de YMCA, a expliqué les raisons de ce choix. Les instances supérieures de l'organisation veulent se rapprocher de la base. Venir en Afrique, une " instance " de base et une zone d'intervention privilégiée, est devenue une priorité, parce qu'aussi le continent est en butte au problème de " mal développement ". Le choix de Dakar constitue aussi un clin d'œil à l'alternance réussie dans le calme et un coup de pouce à l'YMCA/Sénégal, jeune mouvement créé en 1982. Après un passage dans la zone de turbulences, ce mouvement est actuellement en plein dynamisme. Interviewé par la presse locale, monsieur Carlos Sanvee a déclaré à propos de YMCA ce qui suit : " Notre mission est d'affirmer notre présence chrétienne dans le monde ". Pour ce faire, explique-t-il, le Conseil mondial définit des orientations stratégiques en synergie avec les associations nationales. Des actions variées sont menées par celles-ci qui vont de l'aide humanitaire à l'assistance aux réfugiés en passant entre autres par la défense des droits de l'homme, la lutte contre les armes antipersonnelles. Dans le cadre de ces programmes, YMCA met l'accent sur la formation à la gestion. Chaque année un forum international des jeunes est organisé. Lors de ces forums sont conviés des jeunes leaders sélectionnés sur les cinq continents. Ceux-ci suivent des cours intensifs de deux semaines en moyenne. Les bénéficiaires sont appelés à diffuser à leur retour au pays l'expertise acquise. (D.I.A.)