ACTUALITES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO PARIS-WASHINGTON-BRUXELLES : PREMIERS PAS DE LA NOUVELLE DIPLOMATIE CONGOLAISE SOUS KABILA JUNIOR Kinshasa, le 7 février 2001 - (D.I.A.)- En l'espace de quatre jours, le jeune et nouveau président congolais Joseph Kabila a accompli un voyage décisif quelque temps après son investiture. Les noms des pays visités, du 31 janvier au 4 février 2001, sont ceux des nations très intéressées par la vie socio-politique du Congo-Kinshasa : la France, la Belgique et les Etats-Unis d'Amérique. C'est au pays de l'Oncle Sam que se trouve le siège des Nations Unies dont la session du Conseil de sécurité de l'Onu a été marquée par le premier discours de renommée internationale du nouveau numéro un de Kinshasa. Celui-ci s'est arrêté le 31 janvier 2001 pendant 4 heures à Paris pour une escale technique. Le 1er février 2001 il est arrivé en terre américaine à Washington, et le jour suivant, le vendredi 2 février 2001, son calendrier avait prévu l'étape de New-York. Le samedi 3 février le général-major Joseph Kabila venant des USA a foulé le sol belge. Son retour au pays est intervenu le dimanche 4 février 2001. Dans son discours du 26 janvier 2001, M. Kabila junior avait déjà annoncé les grandes lignes de son action diplomatique. Il avait déclaré à l'occasion de son investiture ce qui suit : " Fidèle à la ligne de conduite de M'zee Laurent-Désiré KABILA, et soucieux de préserver notre indépendance politique, j'ai la ferme résolution de poursuivre l'amélioration des rapports de coopération avec nos principaux partenaires de l'Union Européenne. Je m'efforcerai de panser les plaies causées par certaines incompréhensions, car je suis conscient que l'Union Européenne a un rôle à jouer dans le développement du Congo. Je pense particulièrement à la France, à qui j'adresse, au nom du Peuple Congolais toute ma gratitude en raison de ses nombreux engagements au Conseil de Sécurité des Nations Unies dans la recherche des solutions pacifiques à la crise qui sévit dans notre pays." Le général-président a ajouté ce qui suit : " J'affirme, ici, ma disponibilité et ma volonté de poursuivre l'amélioration de nos relations bilatérales multisectorielles. Je pense aussi à la Belgique avec laquelle la République Démocratique du Congo partage des liens historiques. Je veillerai à développer des relations amicales de compréhension et d'entente pour une coopération plus fructueuse. Quant aux relations avec les Etats-Unis d'Amérique, je voudrai affirmer, sans ambages, qu'il y a eu des moments d'incompréhension mutuelle avec l'ancienne administration. La République Démocratique du Congo entend normaliser les rapports bilatéraux avec la nouvelle administration, basés sur le respect mutuel et la volonté de progrès de nos deux peuples." A Paris, en route pour Washington, le président Joseph Kabila a exprimé le 31 janvier 2001 sa volonté de voir être appliqué l'Accord de Lusaka. Ce vœux a été émis au cour de la rencontre que l'homme d'Etat congolais a eu avec son hôte français, M. Jacques Chirac. Ce dernier s'est dit "heureux d'entendre confirmation des orientations tracées dans le discours ( de M. Joseph Kabila) du 26 janvier". Il a précisé que "sur ces bases la communauté internationale et la France apporteraient leur aide pour que ces perspectives se mettent en œuvre." M. Joseph Kabila a insisté, a-t-on appris, sur la nécessité de la restauration d'un Congo libre dans ses frontières internationalement reconnues. Le numéro un de Kinshasa "s'est dit immédiatement disponible, en parallèle, pour un dialogue national sans préalable". L'AFP avait titré sa dépêche sur le voyage de Kabila junior aux USA en ces termes : "Joseph Kabila fait naître les espoirs de paix en RDC". Les observateurs ont noté que le séjour de l'homme d'Etat congolais à Washington et à New-York a connu des temps forts dont la dominante est restée le thème de l'avènement de la paix au Congo, après près de trois années de guerre opposant six Etats et plusieurs mouvements rebelles. Côté prise de parole de façon officielle, il y a à signaler que deux discours ont marqué la visite du chef de l'Etat congolais. Dans son allocution de circonstance au Conseil de sécurité aux Nations Unies, le numéro un congolais a invité cette institution à se pencher ce mois de février sur un nouveau calendrier précis portant sur quatre points à savoir : le désengagement prescrit par l'accord de Harare, le déploiement des troupes de l'Onu, le retrait sans condition des troupes non invitées et enfin le retrait des troupes invitées. En sa qualité de garant de la nation, il a déclaré : " […] j'exhorte tous mes frères congolais quelles que soient leurs origines socio- communautaires, quelles que soient leurs opinions, y compris ceux qui ont pris les armes de venir s'asseoir autour d'une table pour parler de la paix et l'organisation du futur paysage politique de la République Démocratique du Congo et l'indulgente nécessité pour notre pays de se reconstruire et de jeter les jalons de son développement durable pour le plus grand bien de la population congolaise". Au nom du gouvernement de Kinshasa, Kabila junior a, dans son allocution au Conseil de sécurité de l'Onu, rendu hommage à la Monuc et au représentant spécial du secrétaire général M. Karmel Morjane. Il a conclu son adresse en ces termes : " Nous nous devons également de répondre aux aspirations les plus profondes du peuple à une meilleure qualité de vie. Une fois la paix retournée et l'intégrité territoriale restaurée, notre action sera de préparer avec votre aide et celle de la communauté internationale les élections libres et transparentes pour amener le peuple à se choisir la personne qui présidera aux destinées de la République Démocratique du Congo. Nous sommes également de ceux qui considèrent que le règlement pacifique des différends, la reconnaissance inhérente à tous les membres de la famille humaine de leurs droits égaux sont le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde." A Washington où il a rencontré des hommes d'affaires américains, le président congolais a tenu à réaffirmer la volonté de la politique économique d'ouverture qu'il compte mettre en œuvre au Congo-Kinshasa. Il a annoncé la création d'un tribunal d'arbitrage commercial dans le pays devant s'occuper des différends relevant du domaine du commerce. Au cours d'une interview qu'il a accordée à la Voix d'Amérique, il a relevé que les responsables du Fmi et de la Banque mondiale ont encouragé les autorités congolaises à poursuivre leurs efforts pour le retour de la paix en République Démocratique du Congo ( RDC). Il a apprécié l'aide de 10 millions de dollars accordée par les USA à titre humanitaire à son pays, soulignant que pour le moment son gouvernement ne dispose pas d'assez de moyen pour faire face à la situation. Il a affirmé qu'il entendait faire comprendre aux responsables de Washington d'amener les Rwandais et les Ougandais, qui entretiennent de bons rapports avec l'administration américaine, à comprendre que le moment est venu de se retirer de la RDC, pour laisser le peuple congolais en paix. Le jeudi 1er février 2001 Kabila junior et Kagame, l'allié devenu un des irréductibles ennemis de son père, se sont rencontrés à Washington. Cette rencontre, selon les observateurs, a suscité un optimisme prudent, même si des facteurs encourageants dans le sens d'une éventuelle volonté de relancer le dialogue ont été relevés. Les deux hommes d'Etat africains se sont retrouvés, sans parrainage américain, en tête-en-tête après le "petit-déjeuner de prière". Celui- ci a rassemblé des milliers des personnalités du monde dans un grand hôtel de Washington. Le jeune chef d'Etat congolais avait du reste déjà assuré qu'il était prêt à rencontrer son homologue rwandais "pour le bien de la paix". Suivant les estimations américaines, depuis 1998 la guerre au Congo- Kinshasa a provoqué le déplacement de 2 millions de personnes. La cour internationale de Justice a précisé de son côté que la veille de l'assassinat de Laurent-Désiré Kabila, la RDC avait retiré ses plaintes contre deux de ses trois agresseurs à savoir le Rwanda et le Burundi. Le même jeudi 1er février en fin d'après-midi, le président Joseph Kabila a été reçu par le secrétaire d'Etat américain Colin Powell. Le porte-parole du département d'Etat Richard Boucher a fait savoir que les deux hommes d'Etat ont axé leurs entretiens sur l'Accord de Lusaka. Le numéro un congolais, selon le porte-parole américain, a parlé de la priorité de la paix, soulignant ses aspects extérieur et intérieur. Les autres sujets abordés ont été le dialogue et la démocratisation en RDC. Le secrétaire d'Etat Colin Powell a manifesté la volonté des USA d'aider le Congo-Kinshasa à réussir son pari du développement et de la démocratisation. Sur son chemin de retour, Joseph Kabila se devait d'accomplir l'étape de Bruxelles dans l'ancienne puissance coloniale de son pays, où il a été reçu successivement par le premier ministre Guy Verhofstadt et le roi Albert II. Cette journée d'entretien avec les dirigeants belges a été suivie d'une brève conférence de presse, occasion pour le numéro un d'indiquer qu'il prenait déjà des mesures concrètes en faveur de la paix en RDC. Le chef de la diplomatie belge Louis Michel a déclaré après sa rencontre avec M. Kabila junior que les discussions avec lui devront permettre aux autorités belges de fonder à l'avenir des relations constructives appelées encore à s'approfondir et à renforcer les chances de la paix en RDC. Quant à M. Guy Verhofstadt, il a lancé cette invitation : " Nous allons dans les jours à venir faire pression sur l'ensemble des parties pour qu'elles acceptent de s'asseoir autour d'une table et conviennent d'appliquer les accords de Lusaka". Le séjour euro-américain du "frais émoulu" chef de l'Etat congolais a suscité plusieurs réactions. Le 31 janvier 2001 le président Omar Bongo du Gabon a invité Kabila fils à une rupture dans la continuité. L'Union européenne s'est déclarée prête à aider le nouveau régime de Kinshasa, tout en réclamant cependant des "faits". L'Union européenne entend par parmi un des ces faits la tenue d'un sommet "urgent" des parties impliquées dans le conflit au Congo-Kinshasa. La Convention des institutions démocratiques et sociales (CIDES), basée aux USA, s'est prononcée pour la convocation de tous les acteurs politiques de la RDC, afin qu'ils se retrouvent autour d'une même table pour dialoguer, se réconcilier et élaborer un cadre juridique transitoire. Selon CIDES ce cadre garantira l'établissement de l'ordre économique, les participants devant convenir d'un calendrier des élections libres démocratiques. Dans le pays le journal "La Tempête des tropiques", quotidien apparaissant à Kinshasa, a annoncé dans son édition du 5 février 2001 (n°1654) que le leader rebelle Jean-Pierre Bemba a accordé 30 jours de délai de grâce au nouveau président Joseph Kabila, qualifié d'obstacle à la paix par le mouvement rebelle RCD/Goma qu'appuie le Rwanda. (D.I.A.) SITUATION DIFFICILE DES REFUGIES CONGOLAIS EN ZAMBIE Nchelenge, le 7 février 2001 - (D.I.A.) - Le chef de missions des MSF, le Hollandais Bob Van der Vijl, s'est plaint de la précarité au plan sanitaire de la situation des réfugiés congolais dans le camp zambien de Kala. Ces réfugiés sont des milliers à avoir quitté leur pays, où ont lieu des affrontements armés au Katanga, pour gagner la partie nord de la Zambie. Selon Bob Van der Vijl même si le taux de mortalité dans ce camp a connu une certaine amélioration, il demeure toutefois élevé. Le paludisme sévit d'une manière remarquable. Un programme destiné à combattre la malnutrition a été mis sur pied pour aider à la stabilisation de la santé de ces réfugiés. Jusque- là on ne déplore pas encore de cas de choléra ou de maladies provoquées par l'absorption d'une eau impropre à la consommation.(D.I.A.)