ACTUALITES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO DOCUMENT D.I.A. DE M'ZEE KABILA A JOSEPH KABILA : QUEL PRIX POUR LA PAIX ? Kinshasa, le 9 février 2001 - (D.I.A.)- Sous ce titre Eddy Mazembo, s j, propose le texte ou la réflexion ci--dessous que l'agence DIA porte in extenso à la connaissance de ses lecteurs. . " Se trouve-t-il un mauvais génie qui prend plaisir à toujours décevoir les espoirs du peuple congolais ? La liesse de l'accession à l'indépendance se fige en détresse des rivalités intestines. Aux promesses mobutistes d'un " Congo toujours plus prospère " répondent trois décennies de descente aux enfers. L'engouement suscité par la Conférence Nationale contraste avec l'immobilisme politique qui en résulte. Et bientôt, les hymnes de la " libération " du 17 mai 1997 s'éclipsent dans la clameur macabre de la scission du pays. L'histoire congolaise se meut comme dans une ballade, dans une promenade sans but, non dans une randonnée dont le but est toujours manqué malgré les attentes enthousiastes des populations. Avec Joseph Kabila, c'est un tournant de l'histoire d'autant plus décisif que la nation vit en disgrâce sur le plan international, et fait face non seulement à une agression mais aussi à des rébellions internes. Des choix du nouveau régime dépendra l'avenir du Congo. La politique de l'actuel gouvernement va soit rapprocher le bonheur soit l'éloigner de plus belle, soit finir la guerre, soit l'exacerber, soit ouvrir le Congo au monde, soit l'enclaver, soit créer le consensus national, soit perpétuer l'exclusion. D'ores et déjà, le peuple congolais nourrit l'espoir d'une avancée vers la résolution de sa crise actuelle. Il semble entourer de sa confiance la nouvelle équipe dirigeante. S'est-il cependant suffisamment interrogé sur le sens des événements récemment vécus ? En a-t-il dégagé les repères d'un agir futur plus raisonnable ? Ce que cache l'assassinat de Kabila Pris dans le faste du deuil et le souci d'assurer à l'Etat une continuité sans faille, l'on pourrait négliger de dépister les vrais commanditaires, et de dénoncer les complices dont certains seraient bien tapis dans la classe dirigeante. L'ignorance en ce domaine n'assurerait pas à l'actuel pouvoir toute la sécurité. Pour éviter la répétition d'une pareille violence, il importe à l'Etat de distinguer entre les vrais amis et les ennemis, les coopérants et les traîtres. Que le gouvernement ne fasse donc pas l'économie d'une enquête rigoureuse pour sa propre sécurité et pour éclairer l'opinion tant nationale qu'internationale. Si les vrais commanditaires de cet acte ignoble restent encore inconnus, l'évidence est presque totale quant aux raisons de cet assassinat. Pour les uns, le président Kabila a été pris au piège de son indocilité aux puissances occidentales et de sa déloyauté à ses amis d'antan. Victime de son nationalisme invétéré, il a hypothéqué les intérêts tant des Etats impérialistes que des multinationales. D'autres lient son élimination aux malaises internes relatifs à l'aliénation des libertés politiques et à l'exclusion de l'opposition. Tous s'accordent au moins sur l'évidence de sa diabolisation par l'Occident pour qui il faisait figure de la " bête à abattre ". Certains le taxent de piètre diplomate aux élans primesautiers. Pour les autres, il apparaît sous les traits du défenseur de l'autonomie nationale. S'appuyant sur cette dernière appréciation, le parlement l'a élevé au rang de " héros national " à la suite de Patrice Lumumba. Quoiqu'il en soit, la gestion future de l'Etat ne devrait pas ignorer qui a tué M'zee Kabila et pourquoi. Après M'zee Kabila, c'est le vide Laurent-Désiré Kabila disparaît sans qu'un texte n'indique la manière de procéder pour sa succession. Vide grave qui révèle non seulement l'imprévision juridique, mais aussi la monopolisation de la législation par la tête de l'Etat qui, en un certain moment, se croit éternelle. Jusqu'à quand ce grand pays continuera-t-il à être dirigé au gré des décrets-lois ? Quand se dotera-t-il d'une constitution pour échapper aux improvisations impromptues et aux accommodements idéologiques ? Autant la Cour Suprême et le Parlement se montrent habiles à légitimer des pouvoirs arrivistes, autant devraient-ils les inciter à s'inscrire dans la légalité d'un Etat de droit. Quel avenir avec Joseph Kabila ? Son accession à la haute magistrature ne s'est pas inscrite dans une procédure légale prévue d'avance. Sa " désignation " par le gouvernement, l'entérinement de la décision par le Parlement et la légitimation par la Cour suprême de justice ont plus étonné que convaincu. Est-ce vraiment le meilleur que l'on puisse trouver ou simplement l'effet d'une concertation imprégnée plus de la peur que de la raison ? Dans un univers où l'on peut si facilement se faire légitimer par des institutions enclines à s'accommoder aux impératifs politiques du moment, l'absence de toute contrainte légale encourage de nouveaux coups de force. En fait, tant que le consensus national n'aura pas été créé dans le cadre d'un dialogue intercongolais, la perspective d'un renversement du pouvoir restera présente. En d'autres termes, tant que le pouvoir n'est pas démocratisé et fondé sur des assises juridiques solides, la paix au Congo demeure un voeu pieux. Heureusement que Joseph Kabila, dans son adresse à la nation, s'engage à la démocratisation des institutions et à l'ouverture politique. Il a d'ailleurs répété devant le conseil de sécurité que les consensus nationaux constituent la seule garantie de la paix dans la région des Grands Lacs. Pour vu qu'aux déclarations pompeuses fassent suite des actes concrets, le seul critère que le peuple congolais entend utiliser pour apprécier son régime. Que la nouvelle autorité de la RDC ait été si rapidement approuvée par les puissances occidentales, notamment l'Europe et les Etats-Unis, est un autre fait étonnant. Quand on se souvient de leurs réticences d'antan et des conditions auxquelles elles subordonnent habituellement leur soutien et leur aide au développement, leur faveur actuelle est riche en suggestions. Elle dit leur satisfaction face à la disparition brutale de M'zee Laurent-Désiré Kabila, mais aussi l'espoir de voir le nouveau régime garantir leurs intérêts en Afrique. Déjà, le discours du président à la nation et ses visites auprès de la " troïka " inaugurent ce renouement avec l'Occident et la libéralisation économique. Contraire à la politique du père, cette docilité aux actuels maîtres du monde ne nuira-t-elle pas à l'autonomie nationale ? Il est vrai qu'à l'heure actuelle, aucun pays africain ne gagne à aller en guerre contre les Etats-Unis ou à vivre en disgrâce auprès des milieux européens. Est-ce pour cela qu'il faut aliéner les richesses du pays ? La question n'indique-t-elle pas la nécessité d'une diplomatie raffinée, conduite par des Congolais attachés aux intérêts nationaux ? Mais, la réorientation de la politique en RDC dépendra aussi beaucoup de l'attitude du peuple. Peuple congolais, réveille-toi Chaque peuple a les dirigeants qu'il mérite. Une population médiocre croupira à la solde des biens piètres politiciens. La réalité des gouvernants incompétents trahit simplement l'irresponsabilité des citoyens. C'est dire que l'avenir du régime de Joseph Kabila est aussi fonction de la créativité et de la participation de tout le peuple. Que le pays se dirige vers l'établissement d'un Etat de droit, ce ne peut être que le résultat de la contribution de toutes les force vives de la nation. Que, par contre il se précipite dans le chaos d'une nouvelle autocratie, la débâcle serait imputable à la population tout entière. Aussi importe-t-il de mobiliser le peuple à vaincre sa passivité actuelle. Où est le peuple congolais qui secoué la dictature de Mobutu ? Comment l'audace qui autrefois l'envoya sur la rue pour exiger la réouverture de la Conférence Nationale s'est-elle émoussée ? Où est passée l'ingéniosité qui le fit défendre la capitale contre l'invasion étrangère ? Pourquoi a-t-il perdu le courage de la protestation pacifique ? Aujourd'hui encore, il doit se réveiller pour maintenir le nouveau régime dans les limites de la bonne gouvernance. Que deviendra donc ce Congo ? Les enjeux de fond nous échappent pour conjecturer avec assurance. Les attentes du peuple sont pourtant si claires : la fin de la guerre, la démocratisation des institutions et le redémarrage économique. Si Joseph Kabila pose des actes concrets dans ce sens, il méritera l'appui du peuple. Sinon, il revient à la souveraineté populaire de se trouver des dirigeants dignes de son idéal de grandeur et d'autonomie. Eddy Mazembo, s.j " (D.I.A.) 1 MILLION DE TONNES, DEFICIT VIVRIER DE KINSHASA Kinshasa, le 9 février 2001 - (D.I.A.) - La capitale de la République Démocratique du Congo (R.D.C.) présente un déficit vivrier de l'ordre d'un millions de tonnes. Ce constat est l'une des conclusions relevées par la mission de la FAO qui a été initiée au Congo/Kinshasa en septembre-octobre 2000. L'année écoulée qui est 1999 ce déficit s'est situé à 954.000. Les enfants, les vieillards et les déplacés de guerre, tous classés dans les groupes dits vulnérables, ont plus particulièrement bénéficié de l'aide alimentaire que le pays a reçue. La débrouillardise est restée le lot d 'autres catégories sociales qualifiées de moins favorables. La Province orientale et celle de l'Equateur n'approvisionnent plus Kinshasa à cause de la guerre actuelle, relève-t-on. Les axes routiers partant de Kinshasa vers Matadi et Kikwit ainsi que les routes de desserte agricole se trouvent actuellement dans un état piteux. Les forces de l'ordre truandent les transporteurs, les négociants et autres agriculteurs. Tous ces facteurs ainsi que la question du carburant et du taux de change sont à la base de cet état de déficit que connaît la première ville de la République Démocratique du Congo dans le secteur des vivriers. La FAO a entre autres suggéré le renforcement considérable de l'assistance aux responsables des provinces et à la base pour que soit assuré l'entretien des voies d'accès à l'hinterland. (D.I.A.) 112 MILLIONS AU PAM POUR SES PROGRAMMES D'ASSISTANCE HUMANITAIRE EN R.D.C. Kinshasa, le 9 février 2001 - (D.I.A.) - Le PAM (Programme alimentaire mondial) a du pain sur la planche au Congo/Kinshasa où il est interpellé face au drame de deux millions de Congolais en difficulté à cause des conflits armés déchirant le pays. M. Kess Tuinenburg a récemment déclaré à la presse que le nombre de ces personnes a sérieusement augmenté. Pour ce responsable du PAM l'organisation ne peut pas pour le moment apporter le soutien souhaité. L'exécution des projets d'assistance humanitaire de l'organisme de l'ONU nécessite un fonds de l'ordre de 112 millions de dollars USA. M. Kess Tuinenburg est convaincu de l'importance d'accroître l'aide alimentaire dont la R.D.C. a besoin afin de ne pas laisser l'agression provoquer le désespoir parmi la population. Le responsable du PAM émet des inquiétudes quant à la non-maîtrise de la spirale de la malnutrition. Aussi pense-t-il que le PAM doit disposer des quantités suffisantes de vivres maintenant. La situation se complique avec l'arrivée massive des réfugiés congolais (600-800.000) dans les provinces du Bas-Congo et du Bandundu. M. KessTuinenburg a déploré l'état défectueux des routes et des infrastructures au Congo/Kinshasa qui constituent des obstacles pour le PAM qui attend que lui parviennent le plus vite que possible des vivres afin que des vies soient sauvées. (D.I.A.)