ACTUALITES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO LA VSV INVITE LE NOUVEAU CHEF DE L'ETAT CONGOLAIS A METTRE UN TERME AUX TRAITEMENTS INHUMAINS ET AUX EXCES DE ZELE DES SERVICES DE SÉCURITÉ Kinshasa, le 19 février 2001 - (D.I.A.)- La Voix des Sans Voix pour les droits de l'homme (VSV), une organisation basée à Kinshasa, a demandé au général-major Joseph Kabila de mettre un terme aux traitements inhumains, cruels et dégradants, et aux excès de zèle de la part des services de sécurité. La VSV l'a fait savoir ce 15 février 2001 à Kinshasa au cours d'un point de presse qu'elle a animé dans son siège, point de pressé consacré à la vague d'arrestations que connaît la capitale de la République Démocratique du Congo (RDC). Au cours de cette conférence, animée par le président de la VSV, M. Floribert Chebeya, plus de deux semaines après le premier discours du nouveau chef de l'Etat congolais à la nation jugé positif à propos des droits de l'homme, un S.O.S a été lancé en faveur des personnes détenues au GLM, cachots des services de sécurité présidentielle dans la commune de la Gombe à Kinshasa. La VSV a, à cette occasion, réitéré sa vive réprobation sur l'assassinat du président Laurent-Désiré Kabila, acte qu'il a condamné, et a demandé au général-major Joseph Kabila de garantir l'abolition des pratiques de la torture et l'humanisation des conditions carcérales. Cette abolition et cette humanisation seront réalisées par l'amélioration de l'alimentation, l'administration des soins médicaux appropriés et le respect des normes internationalement établies en matière de détention. - Des méthodes répressives d'une cruauté sans précédent La VSV, a-t-il été souligné lors de ce point de presse, constate avec beaucoup d'amertume qu'en dépit de la mise en place d'une commission chargée d'enquêter sur l'attentat perpétré ce 16 janvier 2001 contre le chef de l'Etat Laurent-Désiré Kabila, certaines personnes à l'esprit tortionnaire et revanchard se livrent aux méthodes répressives d'une cruauté sans précédent à l'endroit des présumés coupables, de leurs familles, proches et connaissances. L'organisation de défense des droits de l'homme a été en effet informée du danger de mort qui pèse sur la vie de plusieurs dizaines de personnes, victimes des traitements inhumains leur infligées au GLM. Ces personnes sont en majorité originaires des provinces du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et du Maniema. Suivant la version officielle l'assassinat de Laurent-Désiré Kabila a été perpétré par un ressortissant du Sud-Kivu. Ceci a constitué une raison de plus pour intensifier les arrestations qui ont touché plusieurs autres personnes, dont des parents, des proches, des collaborateurs civils et militaires du commandant Anselme Masasu pointé dans le dossier d'un coup d'Etat qu'il avait ourdi contre Kabila les 26 et 27 octobre 2000. Les militaires des Forces armées congolaises, les éléments de la Police nationale ou les agents des services de sécurité, la plupart de fois sans mandat, a indiqué la VSV, ont procédé à l'enlèvement des personnes suspectées. Le GLM serait plein à craquer présentement. Les nourrissons et leurs mamans détenus commencent à souffrir à cause des lésions cutanées. La VSV note cependant que le discours-programme du successeur de Laurent- Désiré Kabila a suscité beaucoup d'espoir au sein de la population, relevant que le général-major Joseph Kabila a donné des assurances fermes pour le respect strict des droits humains et des libertés fondamentales au profit de tous ses compatriotes. Parmi les personnes détenues au GLM figurent le commandant Kamwanya, ancien proche de Masasu, M. Jean-Dénis Bokolo Botikala, officier de l'ancienne armée de Kinshasa et expert du gouvernement dans le groupe de travail sur le programme de l'Unicef visant la démobilisation des enfants-soldats, le commandant Jean de Dieu Amisi, les commandants Jean de Dieu Chiribagula, Jacques Chiruza et Désiré Kurinjiragi, tous trois chargés de la communication à la résidence du président disparu. On cite aussi MM. Malingumu et Okonkwa Katabi, des proches de la famille de Masasu, le colonel-médecin Luc Moyolo (Province orientale), le colonel Jean- Calvin Kandolo, agent du ministère de la reconstruction, service national, le capitaine Eric Bowanga, (Province de l'Equateur), ancien chef d'antenne de la DEMIAP, le capitaine Basay (Province orientale), surpris en conversation avec un diplomate américain. La VSV propose la liste de 11 éléments de la garde présidentielle portés disparus depuis le jour de l'attentat contre M'zee Laurent - Désiré Kabila : Itongwa Ngirinda, Amisi Tuneri, Kifayi Mwana, Rachidi Kusereka, Kasereka Jean, Chaolin (non autrement identifié), Jacques Chiruza, Bosco Mweheri, Songa (non autrement identifié), Désiré (non autrement identifié) et Georges Chiribagula. D'autres détenus ont été appréhendés à partir du territoire de la République du Congo à Brazzaville. Mmes Rachel Chakupewa et Marie Muzingwa, étant les deux du Sud-Kivu, sont toujours en détention au GLM, après leur arrestation le 3 février 2001 au lieu du deuil du chef de l'Etat. Mme Chakupewa se trouve pour le moment dans un état de santé préoccupant. Il est exigé que cette dame et ses co-détenus soient déférés devant la Justice, comme le souhaite l'Ong VSV. Cette dernière a demandé au nouveau chef de l'Etat congolais et au gouvernement d'assurer un traitement équitable et humain aux personnes récriminées en vertu du principe de la présomption d'innocence de manière à ne sanctionner que les seuls vrais coupables à l'issue d'un procès juste et équitable […] L'organisation suggère dans les meilleurs délais qu'une enquête soit ouverte sur les allégations des tortures et autres mauvais traitements infligés aux détenus et que soient traduites en justice les personnes mises en cause. Pour l'organisation, des dispositions utiles sont à prendre afin que les innocents et les personnes injustement récriminées recouvrent leur liberté et que leurs biens leur soient restitués. L'accès libre aux lieux de détention où sont emprisonnées toutes ces personnes est à accorder aux défenseurs des droits de l'homme et aux organisations humanitaires, à l'instar de la Croix- Rouge, du Comité international de la Croix-Rouge, tout en leur garantissant le droit d'accès aux soins médicaux. Le même droit de visite est à garantir en faveur des membres de famille, des proches, des médecins et des avocats. - La Coalition des Ong congolaises pour la Cour pénale internationale est également préoccupée Me Jean-Marie Eley Lofele, président de la Coalition des Ong congolaises pour la Cour internationale (CONGO-CICC), a remis le même jour à la presse à Kinshasa un communiqué daté du 15 février 2001 qui fait allusion à l'arrestation massive des civils et militaires du Sud- Kivu, dans le cadre de l'assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Le document informe l'opinion sur l'arrestation du colonel Jean-Marie Lokenyo, élément de l'ancienne garde présidentielle sous Mobutu, et de plusieurs autres militaires originaires de l'Equateur, région dont le prédécesseur de Laurent-Désiré Kabila était ressortissant. La Coalition des Ong congolaises pour la Cour internationale a annoncé dans son communiqué la mise sur pied d'une commission libre et indépendante de la société civile sur l'assassinat du président Kabila. (D.I.A.) DOCUMENT D.I.A. DEMAIN LE CONGO : EN ROUTE VERS LA PAIX ? Kinshasa, le 19 février 2001 - (D.I.A.)- L'agence D.I.A. a livré à ses lecteurs dans son édition du 16 février 2001 la première partie de la réflexion du professeur Thierry Nlandu dont titre ci-dessus et dont voici la seconde partie : De qui attendre un soutien ? Dans cette nouvelle lutte contre notre propre orgueil, le nouveau responsable du pays pourra : 1. Compter sur certains anciens collaborateurs du régime Kabila qui, loin d'être des traîtres, veulent participer à un processus qui conduisent à la paix afin de donner une chance à toute cette nation longtemps meurtrie. 2. Compter sur des militaires jeunes comme vieux, ex Faz comme Fac, tous fatigués par une guerre dont ils ne connaîtront jamais les tenants ni le aboutissants, mais dont ils sont les victimes. 3. Compter sur des alliés essoufflés financièrement par une aventure à laquelle leurs citoyens demandent de mettre fin. 4. Compter sur des rebelles congolais, fatigués d'un appui encombrant d'alliés aux agendas douteux et qui ne désirent qu'une seule chose : le démembrement de la République Démocratique du Congo. 5. Compter sur la communauté internationale qui n'attend que la bonne volonté des Congolais et Congolaises pour finaliser le processus de paix dans le cadre des Accords de Lusaka. 6. Compter sur tout ce peuple qui ne cherche qu'à vivre en paix. 7. Compter sur des membres de la classe politique congolaise qui n'attendent que la fin de l'exclusion politique afin d'apporter leur contribution à la démocratisation et à la reconstruction du pays. 8. Compter sur des opérateurs économiques qui ne rêvent que d'un espace politique sain pour faire de bonnes affaires au service de notre peuple et des individus Les erreurs à ne pas commettre La première est celle de croire que les Congolaises et Congolais n'ont pas de problème politique mais plutôt économique. Ces années qui passent montrent suffisamment que si le problème politique n'est pas résolu au Congo, aucune paix durable ne pourra être établie dans ce pays. De Mobutu à Kabila 1 jusqu'à Kabila 2, la priorité reste le règlement du problème politique congolais qui ne se résume pas au remplacement des individus à la tête des institutions mais bien à la création de réelles institutions démocratiques fondées sur une loi fondamentale respectée par tous. Dans cette perspective, la convocation du Dialogue Inter-Congolais, l'instauration d'un nouvel ordre politique respectant le caractère pluriel de notre nation et fondé sur les compétences, la création d'une armée républicaine garante des institutions et non plus au service d'un seul homme, la naissance d'un Etat de droit, sont une urgence au même titre que la pacification du pays. Qu'on se le dise, la paix pour les Congolais et Congolaises n'est pas seulement synonyme de la fin de la guerre ! La deuxième est celle de croire que le Congolais et la Congolaise sont facilement corruptibles. C'est sans doute dans cette perspective que s'est inscrite la première paie de l'ère Kabila Junior avec un ministre des finances annonçant de manière démagogique une paie qui devait se faire avant l'enterrement du Président promettant même, sans que personne ne le lui demande, que désormais les fonctionnaires et les militaires seraient payés à temps ! Il faut vite sortir de cette manière de gérer son peuple, car on peut le tromper une fois mais pas toujours. D'ailleurs, à ce jeu, ce sont souvent les dirigeants qui se retrouvent à court de mensonges ! La troisième est celle de croire que le Congolais et la Congolaise sont des éternels affamés et qu'il suffit de leur donner du pain et des jeux pour qu'ils oublient le reste. Il ne suffira pas, dans le cadre d'une libéralisation sauvage, d'inonder le marché avec des invendus d'Occident et d'Amérique pour garantir la paix au Congo. Le Congolais et la Congolaise sont très amoureux de leur indépendance. Par le passé, ils ont su renoncer à beaucoup de choses essentielles pour leur existence et sont encore capables de le faire si pour obtenir le pain les nouveaux dirigeants les conduisent à vendre leur âme et leur pays ! Il faut toujours craindre ce sursaut d'orgueil. A Tous ceux qui, hier, ont juré sur le démembrement de ce pays, les Congolais et les Congolaises ont répondu par un sentiment nationaliste qui puise sa force consciente ou inconsciente dans les années de souffrance du régime Mobutu. A tous ceux qui penseront asseoir leur pouvoir grâce à un calme obtenu à coup de pains et de jeux, je ne donnerai pas beaucoup de chance à la tête de cette nation. La quatrième est celle de croire que les Congolais et Congolaises ne sont pas préoccupés par le respect de leurs droits et libertés. Ces années d'animation et de mobilisation autour des droits de la personne humaine ont aiguisé l'attention des Congolaises et Congolais sur ces questions. Depuis bientôt 15 ans, le fossé entre les dirigeants et le peuple se creuse dès que le peuple à travers multiples organisations de défense de la personne humaine commence à revendiquer à haute voix ses droits à la vie, à la liberté d'expression et d'association ; la fin de l'impunité, des arrestations arbitraires et des tracasseries militaires, etc. De nos jours en République Démocratique du Congo, la remise en question des régimes a pour point de départ des revendications liées au respect des droits de la personne humaine ! La sixième est celle de sacrifier les responsables des crime commis durant les deux dernières guerres dites de libération en République Démocratique du Congo sur l'autel de la paix. Les Congolaises et Congolais ne sont pas prêts à oublier les crimes et atrocités qui ont coûté la vie à des frères et sœurs à l'Est et à l'Ouest de notre pays. Notre démocratie naissante ne saura pas se construire sur la tabula rasa et l'oubli pur et simple de ces crimes dont nous pouvons et devons établir les responsabilités des morts gratuites, des viols et humiliations de toutes ces femmes du Congo, toutes victimes de crimes de guerre ! En définitive, au-delà de la peur, notre avenir dépend des signaux positifs que le nouveau responsable, ensemble avec tout notre peuple, pourra lancer en diverses directions. Jeune, avec tout l'avenir devant lui, il pourrait s'appuyer sur un peuple avide de paix pour ainsi devenir celui par qui la nation entrera dans l'ère démocratique. Une autre démarche contraire à celle proposée ci-dessus ne conduirait qu'à la mort politique souvent prélude d'un cycle de violence dont nous risquons de ne plus jamais sortir. Il faut à tout prix réduire le fossé existant entre le pouvoir actuel et le peuple. Il ne faut pas se fier aux élans enthousiastes de quelques opportunistes nationaux comme étrangers. Et dans cette perspective, il faudra plus que de simples discours !" (D.I.A.)