ACTUALITES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO JOSEPH KABILA PLUS D'UN MOIS DEJA Kinshasa, le 28 février 2001 - (D.I.A.) - Le 26 janvier 2001 Joseph Kabila, général -major des Forces armées congolaises et fils du président Laurent-Désire Kabila assassiné une dizaine de jours auparavant, succède à son père à la présidence de la République Démocratique du Congo (R.D.C.) en prêtant serment solennel le 25 janvier devant la cour suprême transformée en cour constitutionnelle. Le jour suivant, au soir, il lit son adresse à la Nation où il déclare vouloir œuvrer pour la paix et exprime son désir de relancer les accords de Lusaka. Il était resté silencieux depuis sa désignation le 17 janvier 2001, dans des circonstances particulières, chef de l'action gouvernementale et chef suprême des armées à l'issue d'une réunion conjointe gouvernement et haut commandement militaire après la mort de son père Laurent-Désiré Kabila. Pendant les jours de deuil et lors du jour de l'enterrement devant le palais de la Nation, il a laissé les autres parler pour présenter les hommages au défunt président. Le 23 janvier 2001, jour de l'inhumation de l'ancien président, Joseph Kabila a bénéficié du réconfort offert par les présidents angolais Edouardo dos Santos, zimbabwéen Robert Mugabe et namibien Sam Nujoma. Dès le mercredi 30 janvier, Joseph Kabila a reçu la visite du président sud- africain Thabo Mbeki à Kinshasa à la veille de son périple euro-américain, premier voyage du jeune président congolais. Le mercredi 31 janvier 2001 il effectue une escale technique à Paris où il rencontre le chef de l'Etat français Jacques Chirac. Reçu à l'Elysée, il lui est accordé une poignée de main devant les photographes, geste refusé à son père par le président français précédemment. Au cours de son audience avec le président français Chirac, Kabila Jr réitère sa volonté d'appliquer les accords de Lusaka et se montre disponible pour un dialogue national sans préalable. Le jour précédent Omar Bongo, président gabonais, réagissait sur les déclarations de Joseph Kabila. Il décèle des lueurs d'espoir quant à la résolution du conflit congolais et prône la rupture dans la continuité dans la politique à suivre. Arrivé aux Etats-Unis Kabila fils est reçu par Colin Powell, secrétaire d'Etat américain aux affaires étrangères, après avoir participé à un petit déjeuner de prière à Washington avec le président Georges Bush fraîchement élu à la tête des USA. Il rencontre discrètement le président rwandais Kagame. En parlant avec lui, j'ai eu l'impression que la paix l'intéressait, a affirmé le président rwandais Kagame. Un haut responsable américain se félicite de ce contact. A l'aise sur le terrain militaire, le jeune président Joseph Kabila demande le retrait des troupes d'agresseurs au secrétaire d'Etat Powell. Le vendredi 2 février 2001 il prononce un discours devant le Conseil de sécurité des Nations Unies. Joseph Kabila s'engage à organiser des élections libres en RDC après le retrait des troupes rwandaises et ougandaises. Le même jour l'on apprend que le Congo/Kinshasa a retiré depuis le 15 janvier 2001 sa plainte (déposée le 15 juin 2000) contre le Rwanda et le Burundi. Le chef de l'Etat congolais a eu des entretiens aux Etats-Unis avec M. Horst Komler, directeur général du Fonds monétaire international, et M. James Wolfenson, président de la Banque mondiale, ainsi qu'avec 180 hommes d'affaires américains. Les deux institutions ont promis d'envoyer chacune une équipe d'experts en RDC du 23 février au 15 mars 2001 pour le FMI et à partir du 15 mars pour la Banque mondiale. Ces missions vont procéder à l'élaboration et à la mise en œuvre d'un programme économique minimum et cohérent pour une coopération sur des bases nouvelles. L'Union européenne par la voix de son commissaire Aldo Ajello en tournée en Afrique australe propose un sommet réunissant les belligérants du conflit congolais. Le samedi 3 février 2001, de passage à Bruxelles capitale du royaume de Belgique, ancienne puissance colonisatrice, Joseph Kabila appelle à l'unité du pays, tout en demandant l'établissement de la paix en Afrique centrale, propos qu'il a tenus à sa réception chez le roi des Belges Albert II et lors de sa visite chez le premier ministre Guy Verhofstadt. Ce dernier exprime sa volonté d'augmenter la pression internationale afin d'amener les protagonistes du conflit en R.D.C. à négocier la paix. Louis Michel, ministre belge des Affaires étrangères, a qualifié de fructueuse sa rencontre avec Joseph Kabila Le dimanche 4 février 2001, le président est de retour au pays sans donner des conférences de presse à l'issue de son périple. Peu après l'on apprend que le gouvernement américain accorde une aide de 10 millions de dollars au Congo-Kinshasa, une assistance indirecte car elle passe par les Nations Unies et la Croix-Rouge internationale. La suite du mois de février est moins chargée sur le plan des contacts internationaux. Le 13 février 2001 Nelson Mandela, ancien président sud-africain rend une visite -éclair d'une journée au jeune président Joseph Kabila. Outre le problème du conflit congolais les deux personnalités abordent celui du Burundi où Madiba (surnom de M. Mandela) est facilitateur. L'ancien chef de l'Etat sud-africain a invité Joseph Kabila à la rencontre sur la paix au Burundi prévue à Arusha en Tanzanie les 26 et 27 février 2001. Sam Nujoma, président namibien, descendra à Kinshasa le 22 février où il discutera avec son homologue congolais de la guerre en R.D.C., des retombées du périple du président congolais et de la coopération entre les deux pays. Le 15 février 2001, en l'absence de Kagame du Rwanda et de Museveni de l'Ouganda, le président Joseph Kabila a participé à Lusaka en Zambie à un sommet régional sur la paix en R.D.C.. Outre l'hôte du sommet Frederick Chiluba de Zambie, les présidents alliés de la R.D.C. Mugabe du Zimbabwe et Nujoma de Namibie, le ministre angolais de la Défense et une délégation ougandaise, les dirigeants des trois principaux mouvements rebelles congolais ont participé à ces assises. Malgré son absence, le Rwanda a accepté les conclusions de ces assises. En Afrique Joseph Kabila a envoyé le samedi 17 janvier 2001 deux ministres congolais chez Bongo en vue de relancer le dialogue inter congolais. Ces deux ministres sont Mumengi, de la Jeunesse et sports, et She Okitundu, des Affaires étrangères. Sur le plan intérieur, le président Joseph Kabila mène des négociations sans battage médiatique avec les organisations de la société civile et les partis politiques. Des contacts se poursuivent entre les collaborateurs du chef de l'Etat et des membres des partis politiques internes de l'opposition. Toutefois l'acte le plus important en politique interne a été le 21 février 2001 la présidence par le jeune chef de l'Etat de la première réunion du conseil des ministres. Au cours de cette séance, Joseph Kabila a informé les membres du gouvernement sur son périple euro-américain et leur a présenté le contenu de ses discours et interventions. Le chef de l'Etat a demandé au gouvernement de traduire en actes les orientations de son discours d'investiture. Sur le volet économique il a signé le décret-loi portant régime des opérations en monnaie nationale et étrangères. Des contacts se poursuivent entre le gouvernement et les opérateurs économiques, à savoir la Fédération des entreprises du Congo (FEC), l'Association nationale des entreprises publiques (Anep) et l'Association congolaise des banques (Acb). Le président Joseph Kabila a instruit le gouvernement pour qu'il alloue 150 millions de FC au programme d'urgence de l'autosuffisance alimentaire. Divers projets de décrets-loi ont été proposés au chef de l'Etat, entre autres sur le code d'investissement, la création et l'organisation des tribunaux de commerce, le projet de la nouvelle réglementation de change élaborée par la Banque centrale du Congo. Les états généraux de la santé proposent pour sanction au chef de l'Etat Joseph Kabila, la loi-cadre sur la santé, le décret sur la politique nationale de la santé. Une commission de révision à la baisse des tarifs des soins médicaux est créée pour les rendre accessibles à la population. (D.I.A.) UN JOURNAL PROCHE DU POUVOIR CRITIQUE L'ENTOURAGE DU PRESIDENT JOSEPH KABILA Kinshasa, le 28 février 2001 - (D.I.A.) - L'Avenir, paraissant à Kinshasa, est un quotidien connu pour ses positions soutenant le gouvernement déjà depuis Kabila père. Ses articles critiques envers le pouvoir hier sous le pouvoir de Laurent-Désiré Kabila et comme aujourd'hui attirent ou suscitent toujours la curiosité. Dans son édition du 26 février 2001 le journal a publié à sa première page un article très critique à l'égard de l'entourage de l'actuel chef de l'Etat congolais. Le titre est éloquent : " Joseph Kabila entouré des vautours ". L'Avenir se pose la question de savoir si ceux qui ont donné le pouvoir à Kabila (junior) sont prêts à oublier leurs privilèges. Il affirme que l'entourage de Kabila est composé des personnes à peine politiquement identifiables qui présentent pour lui un danger permanent. Le quotidien situe du reste les enjeux de cette problématique englobant la question de l'organisation politique devant soutenir Joseph Kabila en ces termes : " (…) Ne pas avoir un parti politique ou du moins ne pas s'identifier à un groupement politique veut dire que Joseph Kabila limite son ambition soit au dialogue inter-congolais voulu comme lieu non seulement d'organisation mais aussi et surtout de la conquête du pouvoir. Si tel est son vouloir cela doit être dit clairement surtout à la famille politique qui avait remis le pouvoir à Joseph Kabila. Cela dit, cette famille politique qui s'accrochait, cherchant à ne s'identifier qu'au pouvoir d'Etat d'un de ses membres à savoir Laurent-Désiré, doit s'organiser pour se mettre au niveau des autres groupes politiques (…) Le journal " Le Potentiel " a exprimé dans son édition n° 2151 du 22 février 2001 ses réserves sur le nouvel homme fort de Kinshasa après la première réunion du Conseil de ministres sous sa présidence. " Kabila junior : Le doute commence ", a titré " Le Potentiel ". Celui -ci déplore le fait qu'il n'y a rien eu à l'issue de cette première réunion sur ces sujets : l 'ouverture politique, le changement de l'équipe gouvernementale et l'amélioration des condition socio-économiques de la population. Selon le journal " La Référence plus " (n° 2101, 26 février 2001), apparaissant à Kinshasa, les leaders politiques congolais Etienne Tshisekedi et Gérard Kamanda ont dressé un sévère réquisitoire contre le régime Kabila lors d'un entretien accordé à RFI. Des analystes ont estimé cependant que le pouvoir sous Kabila fils a besoin d'un temps objectivement suffisant pour aborder toutes ces questions. L'héritage de la gestion à court terme du précédent pouvoir, les effets néfastes de la guerre et la situation politico-économique tout au long des 30 ans de règne de M. Mobutu, soutiennent ces analystes, risquent de plaider pendant encore un certain temps en sa faveur. (D.I.A.) CADDHOM DENONCE UN PLAN MACHIAVELIQUE DU RWANDA DANS LE PROCESSUS DE RETRAIT DE SES SOLDATS Kinshasa, le 28 février 2001 - (D.I.A.)- Le Collectif d'Action pour le développement des droits de l'homme (CADDHOM) dénonce dans un communiqué de presse daté du 26 février 2001 "un plan concocté par l'Armée Patriotique Rwandaise (APR). Celui-ci vise à piéger le processus de retrait de ses soldats du territoire congolais et à préparer ainsi une nouvelle guerre dans le Kivu. Citant des sources dignes de foi, l'Ong rapporte que "l'APR met à profit le temps accordé par le Conseil de sécurité des Nations Unies à toutes les Armées étrangères, temps destiné à la préparation du retrait de ces armées de la République Démocratique du Congo (RDC), pour sélectionner quelques-uns de ses éléments qui seront présentés comme des Congolais dits Banyamulenge et qui seront ainsi appelés à demeurer dans les villages, villes et positions actuellement occupés par l'APR après le retrait officiel de celle-ci de la RDC." Selon le CADDHOM, ces soldats auront pour mission de commencer une nouvelle guerre au Kivu comme lorsque Kigali en donna le coup de sifflet le 2 août 1998 à Kinshasa. Les hostilités ont été déclenchées .Des éléments de l'armée rwandaise sont restés dans la capitale congolaise pour avoir déclaré, au départ des troupes de Kigali et de Kampala de cette ville, qu'ils étaient des Congolais. Dans son édition du 26 février 2001 "La Référence Plus", un quotidien apparaissant à Kinshasa, a fait état du déversement des troupes et des armes lourdes à Isiro par l'Ouganda. Cette attitude de Kampala risque d'inciter l'autre pays agresseur, le Rwanda, à faire autant, s'inquiète le journal kinois. " Au regard de ces derniers développements de la situation, il n'est pas exclu que le déversement des troupes dans cette partie du pays qu'aucune autre force étrangère ne contrôle n'aboutisse, à terme, à un retour à la case de départ dans la mesure où le désengagement annoncé n'aura été qu'un repli stratégique pour distraire l'opinion dans le cadre d'un véritable show médiatique auquel Kampala a habitué les Congolais", a observé La Référence Plus. Par ailleurs on annonce la présence des éléments de la Monuc à Pweto pour vérifier le retrait des troupes rwandaises. (D.I.A.)