ACTUALITES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ARRESTATIONS ARBITRAIRES DES EVEQUES : LE CARDINAL ETSOU PROTESTE ET DENONCE DES VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS Kinshasa, le 10 janvier 2001- (D.I.A.)- Le cardinal Etsou, archevêque de Kinshasa et président de la Conférence épiscopale nationale du Congo, a transmis à l'agence catholique DIA un communiqué de presse ce mardi 9 janvier 2001. Voici la teneur de ce communiqué : C'est avec beaucoup de regret que j'ai constaté que ces derniers temps, les autorités politiques et militaires procèdent très facilement à l'arrestation du personnel religieux, principalement des Evêques. Il y a comme un acharnement de leur part à déshonorer les pasteurs et à discréditer l'Eglise catholique. Les faits le prouvent : l'arrestation de S.E. Mgr Théophile KABOY, Evêque de Kasongo, avec ses deux prêtres missionnaires arrêtés dans leur diocèse puis déportés à Kinshasa ; l'arrestation de S.E. Mgr Joseph KESENGE, Evêque Emérite de Molegbe, avec le Révérend Père Fridolin AMBONGO, Supérieur Provincial des Pères Capucins ; l'arrestation de S.E. Mgr Nestor NGOY KATAHWA, à l'époque évêque de Manono. Maintenant, c'est le tour de S.E. Mgr Cyprien MBUKA, Evêque auxiliaire de Boma. Il est incarcéré dans les cachots de la DEMIAP, le Service de détention militaire des activités anti-patrie. Aussitôt saisi en tant qu'Archevêque métropolitain de Kinshasa et Président de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, j'ai immédiatement pris contact avec les autorités et sollicité que S.E. Mgr Cyprien MBUKA soit logé chez moi, à l'archevêché, en attendant les conclusions des investigations des services de renseignement. Devant le refus catégorique des autorités d'accéder à ma demande, pourtant judicieuse ; considérant que les autorités préfèrent le garder dans les cachots de la DEMIAP dans des conditions indignes de son rang, alors que celle-ci reconnaît par ailleurs qu'il n'y a aucun grief valable à charge de S.E. Mgr Cyprien MBUKA ; étant donné que j'ai contacté toutes les autorités supérieures de la DEMIAP, sans succès, je me voie dans l'obligation de publier ce communiqué de presse. Devant cette campagne d'arrestations arbitraires des évêques et particulièrement celle de S.E. Mgr Cyprien MBUKA, je proteste énergiquement et je dénonce ces violations des Droits humains. Je demande que toutes ces arrestations et tracasseries cessent et que S.E. Mgr Cyprien MBUKA soit libéré sans délai. Si les fidèles expriment leur mécontentement et leur réprobation suite à la longue et inutile détention de S.E. Mgr Cyprien MBUKA, les autorités du pays n'auront qu'à s'en prendre à elles-mêmes. Que Dieu protège son peuple et ses pasteurs. Fait à Kinshasa, le 9 janvier 2001. + Frédéric Cardinal Etsou Nzabi Bamungwabi Archevêque de Kinshasa Président de la Conférence Episcopale Nationale du Congo." (D.I.A.) L'ECHEC DE LA RENCONTRE DU LIBREVILLE I A ETE PROGRAMME Kinshasa, le 10 janvier 2001 - (D.I.A.)- " C'est à croire que tout a été mis en œuvre pour que le rendez-vous soit manqué, question de prendre à témoin l'opinion nationale et internationale et de la dresser contre l'opposition qui serait de mauvaise foi et insensible aux souffrances de notre peuple. L'échec de Libreville a donc été programmé et, de ce fait, prévisible." Telle est la déclaration émise par monsieur Christophe Lutundula Apala, secrétaire exécutif du Mouvement solidarité pour la démocratie et le développement (MSDD). Dans une interview accordée au quotidien apparaissant à Kinshasa La Référence plus dans son édition du 8 janvier 2001, M. Lutundula accuse le gouvernement de monsieur Kabila d'être à la base de l'échec de la rencontre de Libreville : " La rencontre a été biaisée dans la mesure où le président de la République, en confisquant sa préparation, a donné l'impression de vouloir en faire un dialogue octroyé sur mesure par sa magnanimité et dont il contrôlerait le déroulement grâce à la participation massive de sa clientèle politique enrichie d'opposants nommés par lui, à l'instar du débat national qu'il a décrété en 1999. Bien plus, les termes de référence (agenda, timing, critères de participation, fiche budgétaire…) sont manifestement restés indéfinis, sans compter que la disponibilité des Gabonais à accueillir les Congolais n'était pas évidente." Le secrétaire général du MSDD épingle les raisons majeures qui repoussent sans cesse le retour de la paix dans le pays de Patrice Lumumba : la multiplicité des acteurs impliqués dans la crise et la complexité des intérêts à concilier, la vulnérabilité du système de défense de la République Démocratique du Congo (RDC), la manne financière de la guerre et la course au pouvoir qui se cache derrière le patriotisme et les luttes de libération récurrentes contre les dictatures. Pour ramener la paix au Congo-Kinshasa M. Lutundula propose deux recettes : " la mise en œuvre du plan de paix de Lusaka, c'est-à-dire le cessez-le-feu, le déploiement des troupes de l'ONU, le retrait de toutes les troupes étrangères du territoire congolais et la tenue du dialogue intercongolais; l'union sacrée des Congolais autour des objectifs et des stratégies communs mais aussi, d'une idée commune de la république et de nation fondée sur la démocratie et la solidarité." Abordant la question de la participation de l'opposition à la rencontre de Libreville, M. Lutundula a déclaré ce qui suit :" Si le rendez-vous de Libreville procède de l'initiative commune couple Masire-Bongo, je suis convaincu que l'opposition y sera présente. Le MSDD qui a déjà proposé dans ses prises de position antérieures la restructuration de la facilitation dans le sens de la collégialité, appelle le Chef de l'Etat, l'opposition armée et non armée ainsi que la société civile à la souplesse et leur demande d'approuver ce compromis. Il demande avec insistance au président Kabila de laisser les mains libres au président Bongo s'il veut qu'il réussisse sa mission." Par ailleurs, dans un communiqué du 3 janvier 2001, les Forces novatrices de l'union et la solidarité (FONUS) refuse de considérer la rencontre de Libreville comme une substitution au Dialogue intercongolais prévu par les accords de Lusaka. "Les FONUS lancent un appel pressant aux dirigeants du MLC et du RDC/Goma, en l'occurrence MM. Jean-Pierre Bemba et Adolphe Onosomba afin de déconsidérer leurs refus pour être présents à toute autre rencontre initiée par un fils sage de l'Afrique et tendant à renforcer la marche des Congolais vers les accords de Lusaka qui aboutiront au Dialogue intercongolais y prévu avec comme facilitateur un autre fils sage du continent, son Excellence Ketumile Masire." (D.I.A.) SOMBRES PERSPECTIVES DANS LE MONDE DE L'EDUCATION POUR 2001 Kinshasa, le 10 janvier 2001 - (D.I.A.) - Le lundi 8 janvier 2001, les élèves des cycles primaire et secondaire ont repris le chemin des écoles. Des sondages réalisés dans différentes stations de radios et de télévision émettant à Kinshasa capitale de la R.D.C. ont montré des images des parents désemparés. La plupart se plaignent face aux difficultés rencontrées pour payer les frais de scolarité de leur progéniture. Certains ont avoué cumuler des retards de paiement depuis la rentrée de septembre 2000 ! Aucun secours n'est à espérer du Gouvernement, comme on s'en est aperçu à la cérémonie de présentation de vœux du personnel du département de l'éducation au nouveau ministre de tutelle Yerodia Ndombasi. Celui-ci a concédé que ce n'est pas demain que l'Etat congolais interviendra dans le système éducatif afin d' alléger la charge des parents pour le paiement des frais d'études. Toutefois le ministre a promis un geste : " L'Etat débloquera progressivement des subventions selon les moyens dont il dispose. " En clair l'abolition des frais de participation des parents d'élèves et étudiants ne figure pas au programme de l'année scolaire et académique 2000- 2001. La réaction du président du Syndicat du personnel administratif et technique, SYNAPAT a été directe: " Vous êtes venus en héros et l'on vous a acclamé. Ne sortez pas zéro. " Le ministère de l'éducation nationale doit affronter une situation pour le moins difficile : dégradation des équipements et des infrastructures des écoles, spoliation du patrimoine scolaire officiel, manque de manuels pour les 6 millions d'élèves recensés dans le secteur public. Le nombre insuffisant des inspecteurs sur le terrain pour encadrer les 230.000 enseignants des écoles publiques interpelle les autorités gouvernementales. Deux autres maux menacent le monde de l'éducation, à savoir l'augmentation du taux des maladies sexuellement transmissibles en milieu scolaire ainsi que la consommation illicite de la drogue. Dans le secteur universitaire un aiguillon taraude le ministère de l'éducation jusqu'ici sans solution. Il s'agit de la non- reconnaissance des diplômes délivrés par quelque 150 établissements supérieurs privés agrées et 126 établissements du même secteur privé autorisés à fonctionner en attendant leur agrément. L'Etat congolais a refusé de recruter les médecins issus de ces établissements. Il a aussi écarté ces diplômés de la liste des juristes appelés à subir le concours d'entrée à la magistrature. L'Ordre des médecins, l'Ordre des avocats et l'Association des infirmiers cités en exemple refusent de reconnaître les diplômés issus du secteur privé. Pendant ce temps , l'Etat congolais agrée à tour de bras des dizaines de nouveaux établissements d'enseignement supérieur par année. (D.I.A.) L'INTROUVABLE INTERCONNEXION DES RESEAUX CELLULAIRES DE TELECOMMUNICATION Kinshasa, le 10 janvier 2001 - (D.I.A.) - Il ne se passe pas de mois, si pas de semaines que des entreprises de télécommunication cellulaires s'installent en République Démocratique du Congo. L'Office de Postes et Télécommunication appartenant à l'Etat ne peut faire face à la haute technologie apportée par ces jeunes entreprises. Son bon vieux réseau à câbles n'est plus à même de satisfaire un nombre important d'abonnés. Les nouvelles entreprises de télécommunication utilisent la technologie des ondes courtes et surtout offrent des facilités de paiement susceptibles de ratisser large chez les utilisateurs. Là où le bât blesse, malgré ce dynamisme, se trouve le refus d'interconnexion de différents réseaux cellulaires de télécommunication affiché par ces jeunes entreprises. Celles-ci expliquent qu'il s'agit d'une affaire d'argent. Elles ne trouvent pas leur compte. Les usagers congolais se retrouvent pris en otage, obligés parfois d'utiliser plus d'un réseau. Néanmoins certains opérateurs économiques dans ce nouveau domaine ne manifestent pas de réticences à s'interconnecter avec d'autres réseaux. Ils ont affirmé qu'ils disposent du matériel pour réaliser une telle opération . La balle est donc dans le camp de l'Etat congolais, pouvoir organisateur incapable de réaliser l'interconnexion. Le problème n'est plus technique mais politique, pense-t-on. Des ministres se sont succédé aux PTT en clamant haut et fort leur volonté de réaliser cette interconnexion mais, a-t-on constaté, leur défaillance a été vite reconnue. Pourquoi le gouvernement ne retire- t-il pas la licence d'exploitation aux entreprises qui boudent l'interconnexion ? Telle est la question que se posent nombre d'observateurs. Le gouvernement congolais doit des millions à ces opérateurs économiques et de ce fait ne peut leur dicter sa volonté. En attendant, l'Etat congolais se trouve dans l'obligation de dénicher une bagatelle somme de deux millions de dollars US pour la réalisation technique de ce projet. Le ministre actuel des PTT M. Yagi Sitolo a réagi en ces termes : " Le gouvernement mettra en place un organisme de gestion de l'interconnexion. " Les observateurs se posent la question de savoir quand cette mise en place sera effective. (D.I.A.) DES SERVICES DE L'ETAT " COUPEURS DE ROUTE " SUR LA NATIONALE 1 ENTRE KINSHASA ET KIKWIT Kinshasa, le 10 janvier 2001 - (D.I.A.) - Plus de dix services de l'Etat congolais opèrent en toute quiétude sur l'axe Kinshasa-Kikwit au niveau des barrages routiers pour rançonner et extorquer voyageurs et commerçants effectuant des navettes dans les deux sens. Parmi ces services on cite : les Forces armées congolaises (FAC), la Police nationale congolaise (PNC), les Forces d'intervention spéciale (FIS), la Police d'intervention rapide (PIR), l'Agence nationale de renseignement (ANR), la Direction générale de migration ou DGM, la Direction générale des recettes administratives, judiciaire et domaniales dite DGRAD. Figurent également sur la liste les Services de péage, les Transports et communications, le Tourisme, les Fonds de promotion culturelle ou FPC et la Police spéciale de roulage (PSR). Les voyageurs et les commerçants rançonnés se plaignent de devoir payer cent francs à chaque station pour les premiers et des sommes plus importantes allant jusqu'à 20.000 francs pour les seconds et autres propriétaires de véhicules de gros tonnage. Ces services de l'Etat aux missions mal définies effectuent des contrôles de routine tous les cinq à dix kilomètres sur la nationale n° 1. L'impératif de sécurité due à la guerre a provoqué un tel déploiement des services plus prédateurs que sécurisants, relève-t-on. L'inefficacité de ces services où peut passer toute personne capable de payer la taxe imaginaire car sans quittance, n'est pourtant plus à démontrer aux yeux du public. L'impunité de ces services est telle qu'ils opèrent dans la circonscription administrative de Kinshasa la capitale du pays sans être inquiétés outre mesure, constate-t-on. (D.I.A.)