ACTUALITES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO LA RDC DANS L'INCERTITUDE APRES LA MORT ANNONCEE OFFICIELLEMENT DU PRESIDENT KABILA Kinshasa, le 19 janvier 2001 - (D.I.A.) - Plusieurs heures après les événements tragiques qui se sont déroulés le mardi 16 janvier 2001 dans l'après-midi au palais de Marbre où le président Kabila a été grièvement blessé après avoir reçu des balles, les Congolais et les Congolaises à Kinshasa et dans toutes les parties du pays ont suivi de très près l'évolution de la situation jusqu'à ce jeudi 18 janvier 2001 à 20h02' (heure de Kinshasa). C'est à ce moment que le gouvernement, par le biais de son ministre de la Communication et Information, a appris officiellement aux Congolais et Congolaises de la nouvelle de la mort de leur président le même jour à 10h00'. Grâce à une couverture remarquable de la presse étrangère sur cet attentat, la population congolaise est de manière suivie informée à ce propos sur les conséquences de ce changement brutal et tragique risquant d'installer la République Démocratique du Congo (RDC) dans une incertitude prolongée. Dans ce pays s'affrontent depuis deux ans six Etats africains soutenant soit le pouvoir de Kinshasa soit les innombrables mouvements rebelles combattant ce dernier. M. Sakombi Inongo, le ministre de Communication et Information, a déclaré que la RDC observera un deuil de 30 jours et les journées du lundi 22 et mardi 23 janvier 2001 seront chômées et payées. Les chaînes de télévision appartenant à l'Etat devront adapter leurs programmes à cette circonstance. " Le président Kabila est mort. Pourquoi doit-on encore se poser d'autres questions là dessus à voir la situation dans laquelle nous, parents, nous nous trouvions vu nos obligations par exemple sur le plan scolaire que nous sommes incapables de remplir ?" Cette déclaration d'une vendeuse de Barumbu de poisson chinchard très consommé par les Kinois pour son prix abordable traduit un certain état d'esprit de la population congolaise quelques heures après les tragiques événements. A l'Institut supérieur de commerce, situé dans la commune de la Gombe abritant plusieurs institutions officielles dont la présidence, les étudiants scandaient ce 17 janvier 2001 des chants patriotiques tournés en dérision pour afficher leur indifférence face au sort de l'homme du 17 mai 1997. Quelques mètres plus loin, des étudiantes de l'Institut supérieur pédagogique de la Gombe ont pris la décision de quitter momentanément leurs homes. Jusqu'aux petites heures de la matinée, cette commune de la Gombe était peu fréquentée par des gens venant des quartiers environnants de la cité. Ce 18 janvier 2001, le centre ville a connu un moment de panique. Plusieurs témoins contactés ont confirmé que cette bousculade au grand marché de Kinshasa a été délibérément provoquée par des voleurs et autres voyous opérant dans ce lieu qui veulent profiter de cette circonstance pour se livrer aux pillages. Dans d'autres parties de la ville cette bousculade a contraint les Kinois à rentrer précipitamment chez eux dégageant nombre de points de la ville désertée. - Premier acte diplomatique du successeur de Laurent-Désiré Kabila Un conseil extraordinaire des ministres élargi s'est tenu à Kinshasa le 17 janvier 2001. Celui-ci a connu la participation des autorités militaires du pays, de plusieurs responsables civiles, dont le gouverneur de la ville et celui de la Banque centrale. Cette institution a nommé M. Joseph Kabila, le fils de M. Laurent-Désiré Kabila, à la tête du gouvernement de Salut public et de l'armée dont il était le chef d'Etat-major des forces terrestres depuis septembre 1999. En août 1998, lors de l'entrée des rebelles soutenus par le Rwanda et l'Ouganda dans la capitale congolaise, on avait vu le général-major Joseph Kabila sur le terrain combattre aux côtés des soldats gouvernementaux. Sa présence était remarquable aux côtés de son père dès le début de son action. Celui-ci, en vue de dissimuler son identité, faisait passer son enfant pour son conseiller militaire. M. Joseph Kabila, maîtrisant à peine le français et parlant couramment l'anglais et le swahili, n'a pas encore pris officiellement la parole en public. La télévision nationale l'a montré ce 18 janvier 2001 en train de recevoir les ambassadeurs de la France, de la Belgique, de la Grande-Bretagne, de la Chine et de la Russie ainsi que le chargé d'affaire des Etats-Unis. En Belgique, la chambre à Bruxelles a organisé un mini-débat sur la situation au Congo-Kinshasa. M. Louis Michel, le ministre belge des Affaires étrangères a supplié cet organe de l'aider dans sa tâche de " redoubler les efforts pour la paix au Congo". Un leader de l'opposition flamande chrétien-démocrate lui a donné son appui. Il s'agit de M. Marc Eyskens. Le colonel Eddy Kapend, chef d'Etat-major particulier du chef de l'Etat, était pressenti par certains analystes comme le possible homme fort de Kinshasa. En effet, le communiqué lu par lui à la télévision nationale pour annoncer la fermeture des frontières et des aéroports laissait transparaître une certaine maîtrise de la situation par l'intéressé, ancien gendarme katangais ayant évolué en Angola. Son discours avait des allures très personnelles, marqué par des consignes données de façon claire aux chefs militaires et à leurs unités appelés à la maîtrise. Depuis que Kinshasa est placé sous le régime du couvre- feu, après la réouverture des aéroports, on n' a pas déploré des dérapages de la part des hommes en uniforme. - Quel bilan pour le régime Kabila? Etablissant le bilan des quatre ans de pouvoir de Kabila, des analystes relèvent le fait que celui-ci a constitué une armée évaluée à environ 150.000 éléments plus disciplinés que les soldats de l'ancien régime trop portés aux pillages et aux brimades à l'endroit de leurs compatriotes. Sur le plan de la sécurité le pouvoir de Kabila a réussi à mettre sur pied une police de proximité dans un pays où le banditisme constitue un fléau à cause de la précarité des conditions de vie. Les chancelleries belge, française et américaine ont d'ailleurs demandé le jour du drame à leurs ressortissants d'être prudents et de demeurer chez eux, malgré le calme anormal qu' a affiché Kinshasa après l'attentat qui a coûté la vie à M. Laurent- Désiré Kabila. Jusqu'à ce jour, l'armée laissée par l'homme du 17 mai 1997 n' a pas encore trahi ses responsables. Le début du règne de Laurent-Désiré Kabila a été marqué par une réelle volonté de changement, matérialisée par la création du Franc congolais et par des mesures en matière de taxes qui ont ressuscité un Etat mort lors de dernières années Mobutu. Mais peu de temps après, l'espoir suscité par le nouveau régime s'est évanoui chez les Congolaises et les Congolais. Ceux-ci ont découvert que le libérateur ressemblait à un despote assurant la gestion politique et économique du pays avec une équipe de courtisans et de membres de famille. La RDC est demeurée diplomatiquement isolée. Suivant les statistiques de la Banque centrale le PIB est retombé à 11, 3% l'année écoulée. En 1999 le niveau de son pourcentage était de 10,3 %. L'an 2000 l'inflation a dépassé les 500 %. Dans la capitale, la malnutrition affecte de façon aiguë près d'un tiers des enfants âgés de 0 à 5 ans, renseignent les organisations humanitaires. La famine menace une partie de la province du Bandundu et Kinshasa risque de faire face à un déficit alimentaire. Le nouveau régime s'est mis à traiter avec rudesse l'opposition interne non armée et les activistes des organisations des droits de l'homme. Il s'en est même pris à l'Eglise qui jusque là observe une attitude conséquente et réaliste face aux protagonistes de la guerre actuelle. L'ex-prison de Makala n'a pas arrêté de se remplir et de se désemplir tout au long de ces quatre ans de règne. Les détracteurs du régime du 17 mai 1997 le raillent pour son penchant du culte de la personnalité, rappelant le mobutisme d'antan. Sur les artères de Kinshasa sont encore visibles les portraits géants dédiés au Mzee Kabila, qualifié de l'homme qu'il fallait. Juste devant le palais de Marbre est érigé un monument représentant un grand lion, totem de l'autorité du pouvoir de Kinshasa, friand, comme le régime précédent, des symboles forts destinés à frapper l'imagination des masses. - Pessimisme des médias internationaux Depuis le début de ces événements, la presse étrangère a fait montre d'un certain pessimisme. Dans son édition du 18 janvier 2001, CNN émet des craintes à propos du vide du pouvoir ainsi créé à Kinshasa. Ce vide, d'après l'organe de presse américaine, est susceptible d'accélérer le démembrement de ce vaste Etat qui sera atomisé en plusieurs fiefs régis par des chefs de guerre sous contrôle des Etats voisins. A présent que le gouvernement de Kinshasa a annoncé officiellement le décès du président Laurent-Désiré Kabila, on rappelle cette réaction de CNN soulignant que la mort maintes fois annoncée du président Kabila risquerait de ne pas apporter la paix et la stabilité dans la région. En effet, en l'absence des institutions démocratiques au Congo-Kinshasa, la politique est réglementée par les kalachnikovs, a aussi indiqué CNN. Très peu dans la région, selon cette agence, entrevoit l'avènement de la paix avec l'assassinat du chef d'Etat congolais. L'Agence France presse (AFP) a relevé l'incapacité de Kinshasa à régler la crise actuelle. (D.I.A.) L'ONG DE DEFENSE DES DROITS DE L'HOMME ASADHO CONDAMNE L'ASSASSINAT DU CHEF DE L'ETAT CONGOLAIS Kinshasa, le 19 janvier 2001 - (D.I.A.)- En date du 17 janvier 2001, M. Dave Banza, président de l'Association africaine de défense des droits de l'homme ( Asadho), a rendu publique depuis Genève, en Suisse, une déclaration sur les événements qui viennent de se produire à Kinshasa le 16 du même mois. "L'Association Africaine de Défense des droits de l'homme, ASADHO déplore et condamne l'assassinat dans des circonstances encore non élucidées, ce 16 janvier 2001 , de Monsieur Laurent Désiré Kabila , Chef de l'Etat en fonction en République Démocratique Congo, RDC. Fortement attachée aux droits inaliénables de la personne et préoccupée par les effets à court et moyen terme de cet acte, notre organisation condamne avec la dernière énergie le recours à l'élimination physique, l'usage des armes pour opérer des reformes dans le mode de gestion de l'Etat. Quarante ans après l'assassinat de Patrice Emery Lumumba, la disparition brutale d'un Président en exercice en RDC, constitue un fâcheux précédent et risque d'apporter plus de confusion dans une situation de sécurité déjà préoccupante. L'ASADHO exhorte les nouvelles autorités à s'engager dans une voie de transition pacifique dont les objectifs à court terme sont : la relance du processus de paix et les reformes démocratiques internes. Le retour à la paix suivant l'esprit de la conférence nationale souveraine et l'accord de Lusaka, la consolidation et le renforcement des espaces démocratiques, la cohésion et l'unité nationales ne sauraient encore souffrir d'un pouvoir monolithique." (D.I.A.) LA V.S.V POUR UNE ENQUETE INDEPENDANTE SUR L'ATTENTAT CONTRE LE CHEF DE L'ETAT CONGOLAIS Kinshasa, le 19 janvier 2001 - (D.I.A) - Dans un communiqué de presse publié à Kinshasa ce 17 janvier 2001, La Voix des Sans Voix pour les droits de l'homme (VSV) dénonce l'attentat contre le Chef de l'Etat, Laurent-Désiré Kabila, un acte, selon cette Ong congolaise, contraire aux idéaux proclamés par la Déclaration universelle des droits de l'homme et la Charte des Nations Unies. La VSV exige dans ce communiqué qu'une enquête indépendante et impartiale soit faite en vue d'établir les responsabilités à tous les niveaux et sanctionner les personnes mises en cause. (…) L'Ong a demandé au gouvernement de Kinshasa de prendre rapidement des dispositions pratiques de nature à favoriser l'accélération de la tenue sans exclusion du Dialogue Inter-congolais conformément à l'Accord de Lusaka afin de faire face au vide juridique et à la crise politique liée à l'exercice du pouvoir en RDC. La VSV recommande enfin au gouvernement, particulièrement à la police et aux Forces armées congolaises (FAC) de garantir l'ordre public et la sécurité des personnes et des biens. (D.I.A.)