ACTUALITES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO LES RECENTS CONFLITS ETHNIQUES A BUNIA : DES OBSERVATEURS POINTENT DU DOIGT KAMPALA Bunia, le 26 janvier 2001 - (D.I.A.) - "Quelques observateurs locaux, rapporte l'organisation des droits de l'homme Human rights watch, croient que le soutien ougandais aux Hema, un groupe local minoritaire proche de Hima de l'Ouganda, a aggravé un conflit ethnique qui existe depuis de longue date". Dans un document publié au courant du mois de janvier 2001, cette organisation internationale des droits de l'homme indique que l'installation en juin 1999 d'un gouverneur pour la province d'Ituri créée par le général de brigade James Kazini, alors commandant en chef des militaires ougandais au Congo-Kinshasa, gouverneur appartenant à l'ethnie hema, avait coïncidé avec des manifestations violentes entre hema et lendu. Ces derniers avaient accusé Kampala et les autorités rebelles du RCD-ML de prendre partie pour les hema. Ces affrontements ont causé la mort de près de 7.000 personnes et le déplacement de 200.000 autres. Le remplacement à la fin de 1999 du gouverneur hema par une personne n'appartenant à aucune des ethnies rivales avait eu comme résultat la baisse de la tension dans cette partie de la République Démocratique du Congo (RDC) sous contrôle de l'armée ougandaise. Mais, la nomination d'un gouverneur hema ad interim par le colonel Muzora de l'armée ougandaise, le titulaire étant en résidence surveillée à Kampala, a ravivé les tensions. Human rights watch, par le biais de M. Suliman Baldo, qui s'était séjourné récemment dans la région, met en garde contre l'importation ( ayant amené au génocide au Rwanda) de la catégorie hutu-tutsi dans ce conflit : " Le danger de ces attaques vient de la manière dont les deux groupes s'identifient maintenant avec les catégories hutu-tutsi qui figuraient dans le génocide rwandais. Les lendu se croient maintenant comme parents des hutu, alors que les hema s'identifient aux tutsi. Les deux groupes sont en rivalité depuis longtemps pour le contrôle de la terre, mais cette identification et le lien au génocide menacent de transformer la lutte en quelque chose de bien plus dévastateur." Face à cette situation, Human right watch lance un appel aux Nations unies et aux pays donateurs ayant une influence sur le gouvernement de Museveni de faire tout ce qui est possible afin de persuader le président ougandais de restaurer la discipline parmi ses troupes et d'établir les responsabilités de tous les massacres et d' autres abus commis contre des civils au nord-est de la RDC. Après les événements une enquête initiée par les autorités du mouvement rebelle congolais RCD-ML avaient reproché aux éléments de l'UDPF ( Ugandan people defense forces, armée ougandaise) de n'avoir rien entrepris pour contenir les violences dans les zones sous leur commandement. Les enquêteurs avaient accusé plusieurs de ces soldats d'avoir aidé les hema pour attaquer les lendu. (D.I.A.) SITUATION ALARMANTE A BUNIA ET SES ENVIRONS Bunia, le 26 janvier 2001 - (D.I.A.) - Depuis le vendredi 19 janvier 2001, la chasse aux lendu s'est poursuivie dans les environs de Bunia, cela surtout dans les quartiers périphériques de la ville : Mudzi - Pela, Lembabo, Saïo, Yambi -Yaya, etc. Il est difficile d'établir le bilan de ces opérations meurtrières. La personne qui rapporte cette nouvelle à l'agence D.I.A déclare que tenter de dénombrer les victimes de ces attaques peut être interprété par les membres de l'ethnie hema comme un acte de soutien à leurs rivaux lendu. L'Ong suisse, Medair évalue le nombre de morts à 250 à Bunia, après les affrontements du vendredi 19 janvier 2001. Selon cette organisation humanitaire, tous les hema et les lendus avaient abandonné leurs maisons, dont beaucoup ont été brûlées et pillées. " Trois milles personnes de différents groupes ethniques se sont réfugiés à la cathédrale et dans une école proche de là", rapporte Medair. Plus loin, indique l'Ong, dix mille déplacés se dirigent vers Djugu, Nyankunde et les environs. - Les pièces d'identités sauvent un sujet budu pris pour un membre de la tribu ngity à cause de sa physionomie Le correspondant de l'agence DIA à Bunia rapporte le récit d'un sujet budu originaire de la région de Wamba, dans la province orientale. Ce Congolais a eu la vie sauve grâce à ses pièces d'identités. Il avait été pris pour un ngiti à cause de sa physionomie. Cela s'est déroulé le samedi 20 janvier 2001. Le dimanche 21, l'armée ougandaise a tiré sur trois sujets hema qui perpétraient des crimes contre les lendu. La conséquence a été que le calme s'est un peu installé par la suite. Les éléments de l'UDPF ont menacé de tirer sur toute personne qui serait attrapée en flagrant délit, en s'attaquant à des membres de l'ethnie adverse. Tous les quartiers périphériques de Bunia sont sous contrôle des jeunes hema. Pendant la journée ceux-ci se cachent. Equipés des armes blanches, ils sortent la nuit pour effectuer des patrouilles. On accuse les éléments de l'armée congolaise, les partisans de Mbusa, d'avoir autorisé la population hema de lancer cette chasse à l'homme. Il semblerait aussi que les hema avaient déjà conçu un plan d'élimination de l'élite lendu qu'ils ont seulement mis en application. Dans les autres communautés de la région on parle déjà d'un génocide contre les lendu exécuté ici à Bunia. - Vendredi noir à Bunia et ses environs Le vendredi 19 janvier 2001 aura été une date noire pour la région de Bunia. A Soleniama, situé à 12 km de la ville, les combattants lendu ont lancé plusieurs attaques. Les mêmes opérations ont été signalées à Mwanga, à Mongwalu, dans la région minière, et à Fataki, à 100 km de la ville principale de la province d'Ituri. Il est presque impossible de connaître le bilan exact, étant donné que l'accès à toutes ces régions est devenu difficile. La situation est vraiment alarmante à Bunia et dans ses environs si pas pour l'Ituri toute entière. Certaines sources font état d'une autre attaque des lendu sur la ville, attaque programmée dans un bref délai pour venger leurs morts. Les hema par contre promettent à cette occasion de généraliser la crise et de régler les comptes à tous les lendu qui sont encore en vie à Bunia et à toutes les autres personnes qui leur sont favorables. Cette perspective crée une psychose totale dans la population, vu les scènes atroces et inhumaines qu'elle a vécues les 19 et 20 janvier 2001. L'insécurité s'est installée à Bunia, dans ses environs et dans toute la région. Les habitants de cette province ne peuvent plus vaquer à leurs occupations comme par le passé. L'accès aux marchés des denrées alimentaires situés dans un rayon de 30 km autour de la ville est difficile. On ne peut facilement atteindre le centre de Kasenya où est situé le lac qui approvisionne Bunia en poissons. Il est également difficile d'aller en Ouganda par la route. Les paysans ne peuvent accéder à leurs champs situés dans la périphérie de la ville, de peur de rencontrer des combattants lendu. Aujourd'hui on peut affirmer que la moitié des familles vivant à Bunia hébergent des déplacés. A Mudzi - Pela arrivent un si grand nombre des déplacés que toutes les écoles, la salle paroissiale, un centre des jeunes sont bondés des hema venus des villages environnant. Du 19 janvier jusqu'à ce lundi 22 janvier 2001 au matin, les déplacés ont continué à déferler sur Bunia. Où vont loger toutes ces personnes, que vont-elles manger, s'interroge-t-on, dans le chef- lieu de la province d'Ituri ? On craint que cette situation ne conduise à la détérioration des conditions sanitaires de la ville et n'y provoque la famine. A la suite de ces affrontements ethniques les écoles ont fermé pour la troisième fois. A l'ISP Bunia les étudiants ont décidé de quitter les homes et de rentrer chez eux. Ce lundi 22 janvier 2001 au matin, les étudiants originaires de Butembo, Mahagi et Aru sont partis. Toutefois, on rapporte que ce même jour au matin la vie a repris un peu normalement son cours à Bunia. Les hôpitaux ont ouvert leurs portes, le marché central de la ville fonctionne. Le vol de TMK, une compagnie aérienne privée, a eu lieu pour la première fois depuis le vendredi. Le maire de Bunia a convoqué une réunion à laquelle ont pris part tous les chefs de quartier, les responsables des confessions religieuses et les autres invités, dans le but d'analyser la situation sécuritaire dans la ville. Lors de cette réunion il semble que tous les participants ont fermement condamné la communauté hema quant à son comportement le 19 et 20 janvier 2001 à Bunia. Les représentants de la communauté hema ont quitté la réunion fâchés contre tout le monde, car les participants n'ont pas condamné les violences des lendu contre les hema. - Les organismes humanitaires menacés Des tracts menaçant les organismes humanitaires ont été mis en circulation dans la ville. Il s'agit des Ong suivantes : Agro - Action -Allemande, CICR, COOPI, HCR, OXFAM. Ces documents prévoient des actions destructrices contre leur matériel et leurs bâtiments, si elles ne venaient pas en aide aux déplacés qui se trouvent dans la ville en provenance des territoires de Djugu et d'Irumu. Il leur est également interdit de sortir de la ville de Bunia. Le correspondant de l'agence DIA soupçonne la communauté hema d'être à la base de ces tracts, car elle compte le plus grand nombre des réfugiés dans la ville de Bunia. Selon l'agence onusienne Irin, l'Ong Medair était en train d'assister les personnes déplacées en leur fournissant des abris. (D.I.A.) UN JESUITE CONGOLAIS ECARTE L'IDEE DE LA PROMOTION SOCIALE DANS LA FLORAISON DE LA VIE CONSACREE A KIKWIT Kinshasa, le 17 janvier 2001 - (D.I.A.) - Le diocèse de Kikwit, au sud-ouest du Congo/Kinshasa connaît une floraison de la vie consacrée. Le père jésuite congolais Ngenzhi a dans une réflexion rejeté l'idée défendue par certains milieux au plan international ou local soutenant que les Africains entrent au couvent pour fuir la misère et bénéficier d'une promotion sociale. Si c'est la misère qui mène au couvent pourquoi, s'interroge le père Ngenzhi, le Quart monde, qui est misérable en Europe, est-il déchristianisé ? Il se pose aussi la question de savoir pourquoi les couvents sont dépeuplés dans la riche Europe, si la misère y est absente. Le père Ngenzhi relève que la province de Kikwit n'est pas pauvre, même si les gens y vivent modestement ; elle se nourrit elle-même et nourrit Kinshasa et les deux Kasaï. Dans cette partie du Congo/Kinshasa à Kikwit le père Ngenzhi a reconnu que l'Esprit-Saint travaille, sans entraves. Le jésuite rejette l'idée de la promotion visée en allant au couvent. Il indique qu'aujourd'hui l'université est la base de cette promotion, alors que celui qui entre au couvent, 5 ans après, en est seulement à terminer son noviciat, pouvant étudier ou pas selon la volonté de ses supérieurs. Après ces mêmes 5 ans son condisciple laïc étudiant à l'université a déjà décroché sa licence. Le jésuite congolais a expliqué comme vraies causes de la floraison des vocations à la vie consacrée à Kikwit l'action de grands missionnaires, dont NNSS van Schingen, Guffens, les pères Misson et Dan, qui ont cru à l'Afrique et ont mis en place les institutions ayant favorisé l'explosion actuelle de la vie religieuse. Le père Ngenzhi a cité l'héroïsme des premiers consacrés africains persévérant héroïquement traités en être intermédiaire entre l'homme et la bête, selon la mentalité de leur temps. Le père a expliqué enfin que la vocation consacrée est devenue traditionnelle dans les familles chrétiennes, l'exemple des aînés étant convainquant et entraînant. (D.I.A.)