Da: "Nello Margiotta" A: Oggetto: Venezuela: intercista di Le Monde a Chavez Data: mercoledì 27 febbraio 2002 16.40 Hugo Chavez, président de la République bolivarienne du Venezuela "Il n'y a aucun risque de coup d'Etat militaire contre moi. Zéro !" . LE MONDE | 26.02.02 | 11h57 Caracas de notre envoyé spécial Dans le jardin de sa belle résidence, Hugo Chavez, costume sombre et verbe mesuré, adopte, lundi 25 février, un autre style que dans les quartiers populaires de Caracas : toujours simple et familier, mais présidentiel. Il vient de recevoir l'ambassadrice des Etats-Unis, venue lui faire ses adieux, et il l'embrasse devant les photographes - mais il embrasse toutes les femmes. Au cours de l'entretien accordé au Monde, il sera interrompu par un coup de téléphone du ministre de l'énergie, auquel il demandera le prix du jour du baril de pétrole, et par sa fille Rosineis, revenue de l'école, qui exigera de s'endormir sur ses genoux. La "révolution bolivarienne" est-elle menacée? Il y a des menaces, des risques, certains naturels, d'autres créés artificiellement. Mais je suis convaincu qu'ils ne constituent pas un danger mortel pour la révolution. Nous avons la capacité, la force politique, la force populaire, la volonté et la force morale suffisantes pour surmonter ces dangers. Envisagez-vous de proclamer l'état d'exception, comme certains semblent vous y appeler ? A l'heure actuelle, rien ne le justifie. Ce n'est pas un sujet à aborder légèrement. L'état d'exception est réglementé par la Constitution, et il comporte différents degrés. Mais j'espère que rien ne se passera qui pourrait le justifier. Comment expliquez-vous que votre popularité ait à ce point baissé ? Tout change : la force du vent, les rayons du soleil, les amours, heureusement, sinon ce serait ennuyeux. Mais il y a aussi le phénomène normal de l'usure du pouvoir. Au base-ball, quand un "pitcher" lance la balle pour le premier "inning", il peut atteindre 96 miles à l'heure, mais au bout de cent lancers, le bras se fatigue. Il se repose, et la vitesse revient. [Il dessine un graphique sur un bout de papier, pour montrer l'évolution des sondages depuis trois ans]. Vous voyez que ça ne descend pas au-dessous de 40 %. Le soutien à la révolution bolivarienne et au président varient entre 40 % et 60 %. Et si des journaux manipulent les données, cela fait partie du jeu. La forte baisse du bolivar ne peut que relancer l'inflation, diminuer les revenus de la population, et accroître le mécontentement. Que comptez-vous faire ? Allez-vous remplacer votre équipe économique ? J'annonce les décisions quand je les ai prises. Le seul qui ait la certitude de rester, c'est le président. Les ministres, et pas seulement de l'économie, peuvent changer. Les mesures économiques qui seront annoncées le 28 février sont destinées à relancer, à renforcer l'économie. Nous donnons la priorité aux pauvres. Pas seulement pour les salaires, mais pour le logement, l'eau potable, l'école, etc. Avez-vous les moyens de financer cette politique ? On vend tout de même 3 millions de barils de pétrole par jour. Et on a réduit les dépenses militaires, la bureaucratie, certains grands projets d'infrastructure. Croyez-vous que les actions de tous ceux qui réclament votre départ sont coordonnées ? Bien sûr. Il y a le secteur politique, déconsidéré, des partis qui n'osent même pas agir en leur nom et restent à l'arrière-plan ; des groupes économiques qui ont un certain poids, comme la Fedecamera (l'organisation patronale) ; une partie de l'Eglise ; et les medias, qui jouent le rôle le plus important, le rôle que devraient jouer les partis politiques. C'est un problème au Venezuela. Si je veux parler au chef de l'opposition, je ne peux pas, il n'y en a pas. Pas non plus d'idéologie alternative, pas de projet. Pourquoi ne mentionnez-vous pas les quelques officiers qui ont publiquement appelé à votre départ ? Ils n'ont aucune importance. Moi, j'ai participé à une manifestation militaire [la tentative ratée de coup d'État, en 1992]. Nous avions 10 000 hommes, des chars, des fusils, c'était une manifestation organisée, avec un plan, un projet. Aujourd'hui, les medias montent un spectacle, avec des officiers mécontents pour des raisons personnelles. Il n'y a donc aucun risque de coup d'Etat militaire ? Aucun risque. Zéro ! Ne pensez-vous pas que les Etats-Unis ont envie que vous partiez ? Non, je ne le crois pas. Mais si jamais ils le souhaitaient, je pense qu'ils doivent accepter la situation au Venezuela, qui a un gouvernement légitimement élu et doté d'un soutien populaire, j'oserais dire d'un soutien populaire plus important que dans aucun autre pays du continent américain. L'ambassadrice vient de me confirmer la déclaration publique du département d'Etat, selon laquelle les Etats-Unis n'ont jamais cherché et ne chercheront jamais à altérer la vie institutionnelle du pays. On dit que vous avez une position ambiguë sur la situation en Colombie. Tout en manifestant publiquement votre soutien au président Pastrana dans sa décision de rompre les négociations, vous refusez de qualifier les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) de terroristes. Avez-vous de la sympathie pour leur cause ? J'éprouve de la sympathie, ou plutôt un sentiment de fraternité, pour toute la Colombie. Nous voulons la paix. Notre position n'est pas du tout ambiguë. Nous avons fait partie du groupe dit des "facilitateurs", qui essayait de promouvoir le dialogue. Tous nos rapports avec les dirigeants des FARC se sont inscrits dans ce cadre. Dire que nous avons soutenu les rebelles en armes ou en informations est faux : nous ne l'avons jamais fait. Nos contacts normaux sont avec le gouvernement de Colombie. Mais ce n'est pas à nous de classer les gens dans une catégorie. Nous avons été assis à une même table pendant des années. Il est impossible de désigner quelqu'un comme terroriste quand on négocie avec lui. Mais nous avons toujours condamné les actes terroristes, comme les détournements d'avion, les enlèvements. Allez-vous tenter une médiation pour obtenir la libération d'Ingrid Betancourt ? Nous espérons pouvoir apporter une aide [M. Chavez a reçu la veille un appel téléphonique de M. Chirac, mais se borne à dire qu'il s'agissait d'une "conversation privée"]. Ne craignez-vous pas que la guérilla colombienne cherche maintenant à se réfugier au Venezuela ? Il faut l'éviter. Nous avons renforcé les patrouilles de l'armée. Il ne s'agit pas seulement de la guérilla, mais aussi des forces militaires ou paramilitaires. Personne ne doit entrer au Venezuela. Propos recueillis par J. K. 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